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Classements d'albums

18 février 2009 3 18 /02 /février /2009 14:00

S'il y a bien une critique qui revient souvent lorsqu'on témoigne d'un mépris réel pour la variété, c'est celui d'élitisme... et de "élitisme" à "mépris du peuple", il n'y a qu'un pas que beaucoup franchissent. Autant les démagos qui veulent nous faire croire que détester les stars de la musique pop, c'est du snobisme, que certains sociologues qui confondent "musique du peuple" et "musique populaire".

Une confusion somme toute compréhensible, puisque personne ne s'attarde sur ces différences... ce qui entraîne beaucoup d'incompréhensions de part et d'autre, et de caricatures. Il est donc nécessaire de rentrer un peu plus dans le détail pour saisir au mieux les nuances...

Les musiques traditionnelles, tziganes, blues, folk, rebetiko etc... sont de vraies musiques du peuple. Elles expriment "l'âme" d'un peuple, ses aspirations, frustrations, désirs, sa souffrance, sa misère... Elles viennent du peuple, elles parlent au peuple, elles parlent du peuple. Ce qui n'est pas du tout le cas de la variété et de toutes les prétendues musiques populaires qui monopolisent les ondes. 
Dans ce cas, plutôt que de "musique populaire", il faudrait parler de "musique populiste", ou, mieux encore, de "musique industrielle". Parce que c'est l'industrie musicale qui est à l'origine de ces musiques dont le but n'est pas de parler au peuple, ni de parler du peuple, mais de le séduire. Ce qui n'est pas du tout la même chose. Idem pour le cinéma dit populaire... (bien entendu, une chanson du peuple peut parler d'amour, elle n'a pas pour unique objet les problèmes sociaux... mais le cadre est différent). 

La musique du peuple est avant tout une musique collective... ce qui explique pourquoi, lorsque vous tombez sur des reprises de chansons traditionnelles, il n'y a pas le nom de l'auteur, mais simplement écrit "trad." On ne se préoccupait pas de savoir qui était l'auteur, ce qui comptait, c'est la chanson, le collectif, pas l'individu. Les musiques du peuple circulent, sont réinterprétées, reprises, transformées, sans focalisation sur l'auteur. On utilise parfois juste la musique sur laquelle on chante de nouvelles paroles, on s'approprie une mélodie, une grille d'accords particulière... à l'opposé de la musique classique et de sa conception forte de l'artiste, démiurge indissociable de son oeuvre...

Toute l'ironie de l'histoire... c'est que l'industrie musicale s'est enrichie et développée en utilisant cette musique du peuple, en profitant de chansons qui n'appartenaient à personne, et d'artistes, tels les bluesmen qui ont été largement exploités... et elle vient crier au scandale quand, grâce au net, le peuple, à son tour, vient se réapproprier ces musiques. 
Pourquoi, alors qu'on peut télécharger des vidéos, des films, jeux, etc... la musique est-elle au centre de la question sur le téléchargement illégal, pourquoi est-ce qu'elle est ce qu'il y a de plus téléchargé, et pourquoi un tel sentiment d'impunité chez les internautes ?
Le problème de ceux qui étudient le phénomène, c'est qu'ils manquent cruellement de vision globale, de culture musicale et historique... car s'il y a quelques facteurs évidents (prix des CD, facilité du téléchargement de musique, baisse du pouvoir d'achat, concurrence du DVD etc...), le plus important, peut-être, n'est jamais évoqué. Cette impunité doit se comprendre par le fait que, pendant des siècles, la musique du peuple appartenait à tout le monde. Pas étonnant que beaucoup de gens aient le sentiment que ces musiques leur appartiennent toujours, qu'ils aient le "droit" d'y avoir accès sans pour autant systématiquement payer.   

Pourtant, soyons honnêtes... c'est en grande partie l'industrie du disque qui a raison, dans le combat industrie vs p2pistes... parce que l'essentiel des musiques piratées n'ont strictement rien de "musiques du peuple", ce sont des produits commerciaux. Quand des Zazie, Nolwenn & co viennent se plaindre qu'on télécharge leurs musiques, assimilent ça à du vol... c'est faux dans le sens où il n'y a pas d'objet matériel volé, aucun manque à gagner de ce point de vue, mais vrai dans le sens où leurs musiques ne sont pas des musiques du peuple, ce sont de purs produits industriels.    

Hip-hop et électro, d'une certaine manière, ont su un peu retrouver quelques unes des valeurs des musiques du peuple. Le hip-hop en se basant sur des samples (une musique qui circule, n'appartient à personne), l'électro en refusant la starification, la mise en avant de l'auteur... une musique collective où auteur, DJ, public se fondent (même si les choses ont changé depuis ses débuts).

En revanche, variété et musiques populaires actuelles ne sont pas des "musiques du peuple". Une glorification de la star et une identification de l'artiste à son oeuvre comparable à celle du compositeur classique (sans le génie ou le talent). Gros travail de production, de mixage, le but n'est pas d'être fidèle à une tradition, à un esprit, mais de trouver des gimmicks accrocheurs et le son le plus luxuriant possible.
La variété n'est pas une musique du peuple, elle joue "contre" le peuple : elle l'abêtit, l'endort, le berce mollement et le gave de sucreries musicales industrielles...

Les émissions de télé-réalité musicales de l'époque illustrent parfaitement le fait que les musiques populaires actuelles n'ont plus rien de "musiques du peuple".
Ce que propose la star academy, c'est de permettre à des gens du peuple non pas de "s'exprimer", mais de sortir de leur condition... de "quitter le peuple", en quelque sorte, pour espérer rejoindre le camp des privilégiés. Quant à la Nouvelle Star... l'idée est plutôt de marquer sa différence, on attend des apprentis chanteurs qu'ils montrent leur singularité. A l'inverse des musiques traditionnelles où le sentiment d'appartenance à un collectif est fondamental.

Il se trouve pourtant toujours des gens pour venir vous expliquer que ces émissions sont "populaires", et que de leur taper dessus, c'est taper sur ceux qui les regardent, taper sur le peuple... et de sortir le même argument devant le succès d'artistes varièt'... argument imbécile... toutes les émissions qui flattent les plus bas instincts ont de fortes chances d'avoir de gros succès d'audience, ça n'en fait pas des émissions en phase avec "l'esprit du peuple"...  

Quand on vous parle des pénibles Johnny, Sardou, Obispo, Pagny, Zazie, Céline Dion, Hélène Ségara, Calogero et que vous répondez Dylan, vous avez toutes les chances de passer pour élitiste... alors que celui qui est le plus en phase avec l'esprit du peuple, c'est bien entendu Dylan (particulièrement le Dylan des débuts). Les chanteurs de varièt' sont "populaires", mais le terme n'est pas à prendre dans le sens "qui vient du peuple", plutôt dans le sens "célèbre". Ils sont plus proches de Paris Hilton - la gosse de riche vivant dans un monde complètement décalé - que de Woody Guthrie, le chanteur folk qui a si bien su parler du peuple. Et Paris Hilton a une bien plus grande "popularité" que n'en a jamais eu Woody Guthrie...

La musique du peuple est-elle encore possible ?

Elle semble maintenant loin derrière nous... l'industrie a gagné la partie, a substitué une musique lisse et racoleuse aux musiques du peuple, et il est sans doute impossible de revenir en arrière. On pourrait même aller jusqu'à dire qu'il n'existe plus vraiment de culture populaire... paradoxal, à une époque où l'art avec un grand A a perdu de sa superbe, où la facilité d'accès aux "biens culturels" est exceptionnelle... mais la culture actuelle n'est pas une culture horizontale, faite par et pour le peuple, c'est une culture verticale, avec en haut, des producteurs, artistes, grands médias qui ne parlent pas au nom du peuple, et en bas, le peuple qui prend ce qu'on lui donne... quand on sait le séduire.
Les musiques traditionnelles sont nées d'un besoin, un besoin d'expression vital...  mais les musiques industrielles actuelles ne répondent pas à un véritable besoin, elles le créent, tentent de persuader que tel album est "l'album événement", le disque qu'il faut absolument avoir... du business avant tout.

Bien sûr, certains chanteurs diront qu'ils viennent d'un milieu populaire, qu'ils font eux-mêmes leurs chansons, que ce ne sont pas des producteurs qui composent à leur place... mais ils ont de toute façon noyés dans cette culture industrielle, et leurs musiques n'ont pas grand chose de véritables "musiques du peuple".     

Et le rock dans tout ça ?  

Le cas du rock est assez particulier... c'est un genre batard qui tient plus de l'industrie que du peuple (c'est l'industrie qui l'a vite propulsé, il ne s'est pas développé durant des décennies au sein du peuple)... mais il a aussi un fort ancrage dans la réalité sociale (rock 60's contestataire et libertaire, punks...), il sait, parfois, exprimer les besoins du peuple (révolte, défoulement, remise en question des valeurs et de la hiérarchie).
La variété, elle, "sert les puissants"... elle fait tourner l'industrie musicale, entretient le peuple dans un sommeil comateux, le berce d'illusions sucrées, ne s'engage que pour des causes hyper-consensuelles... elle ne cherche pas à frapper, réveiller, déranger l'auditeur comme peuvent le faire le rock ou le hip-hop.

Il ne faut pas oublier que les chansons du peuple ont souvent une tradition de subversion, crudité, elles parlent de misère, de crimes, de révolte, d'injustices, de violence, et ce, depuis des siècles... elles ne sont pas que de simples bluettes (même si elles le sont aussi parfois...)
Bref, les chansons du peuple sont à son image... elles ne sont pas lisses, mais franches, directes, authentiques... "roots". Tout le contraire de la varièt'... le prochain article l'expliquera en partant d'un exemple précis...


Pour terminer et illustrer le sujet, une petite sélection de chansons du peuple, musiques traditionnelles... qui ne se veut pas exhaustive (il n'y a bien sûr pas de la musique de tous les pays - de toute façon, il me manquait pas mal de choses sur deezer - certains continents ont été privilégiés... j'ai construit cette playlist avant tout en fonction de mes goûts - et connaissances - en matière de "musiques du peuple"...) : 


    


Une réflexion intéressante et amusante sur les clichés des musiques traditionnelles aujourd'hui : Berceuse Electrique

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28 août 2008 4 28 /08 /août /2008 09:45

Il est toujours difficile d'expliquer la musique à des non-musiciens, on est forcé d'employer des termes qu'ils ne peuvent connaître, et qui ne peuvent se définir facilement. L'avantage du net, c'est qu'il permet de faire écouter les morceaux, et que chacun a le temps de revenir en arrière pour essayer de bien se mettre dans l'oreille tel ou tel élément. Je me lance donc dans une entreprise risquée, essayer de faire comprendre un procédé musical à des nons-musiciens (mais les musiciens trouveront aussi de la matière, et tous les musiciens ne connaissent pas forcément la suite flamenco).

Vous n'êtes bien sûr pas obligé d'écouter tous les extraits pour arriver à saisir cette suite, j'en mets pour tous les goûts, et pour en montrer de nombreuses et diverses utilisations. Ce n'est pas grave non plus si vous ne comprenez pas tout (je mets en italique les éléments plus techniques, que peuvent sauter ceux qui n'ont pas de notions de théorie musicale et ne désirent pas approfondir). L'important, c'est moins de la "comprendre" que de l'entendre.
La théorie musicale semble généralement rébarbative... mais vous verrez qu'ici, c'est plutôt ludique, car on finit par entendre que des morceaux apparemment très différents les uns des autres ont la même "architecture" (une grille d'accords, c'est l'architecture d'une chanson). Même sans chercher à comprendre le fonctionnement, en passant sur les explications techniques, vous pourrez identifier les mêmes suites sur tous ces morceaux.
A vous d'utiliser cet article comme il vous plaira... vous pouvez vous attarder sur les quelques explications théoriques pour essayer de comprendre le fonctionnement, ou simplement vous fier aux indications de temps et écouter ces différents morceaux en vous amusant à y repérer les mêmes suites.

La suite qu'on apelle "suite flamenco" (ou suite andalouse, ou cadence andalouse), n'est évidemment pas la seule suite d'accords utilisée dans le flamenco, mais c'est la plus célèbre. Elle est constituée d'une descente de 4 accords : La mineur, Sol, Fa et Mi (tout le monde sait que do ré mi fa sol la si do, c'est l'ordre des notes quand on les monte les unes à la suite des autres, donc la sol fa mi est une descente conjointe à partir de la). On est ici en la mineur, mais on peut la transposer - comme chaque suite d'accords - dans toutes les tonalités. Si la mineur sol fa mi est la plus fréquente, c'est qu'elle sonne mieux et qu'elle est plus simple dans cette tonalité à la guitare.

Lorsqu'on note des suites d'accords, on utilise la notation anglo-saxonne, qui commence par A (la) :
A = la
B = si
C = do
D = ré
E = mi
F =  fa
G = sol  

Un "m" placé à côté de l'accord signifie qu'il est mineur (Am = la mineur), quand on ne met rien, c'est qu'il est majeur (A = la majeur)

La cadence andalouse est donc, en la mineur :

Am G  F E
la mineur sol fa mi
(I - VIIb -VI -V)

Les *** que je mets à côté de certains morceaux ne signifient pas qu'ils sont "meilleurs", mais qu'ils sont à privilégier pour entendre cette suite au mieux. 

Pour commencer, à tout seigneur tout honneur, écoutons le grand Paco de Lucia... sauf qu'il ne faut pas se baser sur les solos de Paco, mais sur la guitare rythmique. Au début, la suite est jouée assez lentement, on arrive mieux à l'identifier et à se la mettre dans l'oreille à partir de 1'22 quand elle est jouée plus rapidement (on est en mi mineur). Concentrez-vous bien sur la "descente", vous devez ressentir cette impression de descente pour bien saisir cette suite. Le plus simple quand on veut repérer une suite flamenco est de se caler sur la basse, vous devez entendre une basse jouée sur 4 notes descendantes.
La dernière partie du morceau (3'00) n'est plus, elle, sur la suite, mais sur deux accords.

Paco de Lucia - Rumba *** :





Autre exemple flamenco : Paco Cepero : Aguamarina

On retrouve la suite, en sol mineur, de 0'13 à 0'46 puis de 1'43 à 3'00, avec parfois quelques légères variations d'accords.

Mais la suite flamenco ne sonne pas forcément hispanique. Un des meilleurs exemples pour arriver à bien la ressentir et l'intégrer, c'est Hit The Road Jack, de Ray Charles, qui ne donne pas l'impression de jouer de la musique espagnole...
La suite est répétée à l'identique pendant tout le morceau, assez rapidement. Elle dure environ deux secondes, fiez-vous à la descente de basse pour arriver à bien la percevoir. Quand vous pensez "suite flamenco", pensez à la descente de basse de Hit The Road, c'est un des meilleurs moyens (un des plus simples) de la repérer. Sachant qu'elle dure 2 secondes à chaque fois, je vous laisse faire le calcul pour déterminer le nombre de fois où on l'entend dans le morceau....
  
Ray Charles - Hit The Road Jack ***



Morricone - L'homme à l'harmonica *** (Il était une fois dans l'Ouest)

Suites flamenco I :


Morceau génialissime s'il en est... qui n'est pas autant basé que Hit The Road sur la suite Flamenco... même si elle en est à l'origine. La différence, c'est que Morricone ne s'arrête pas sur le dernier accord de la suite pour recommencer, mais continue sur d'autres accords. Avec Hit The Road, on avait une suite flamenco rapide et répétée de bout en bout. Avec L'homme à l'harmonica, on a une suite andalouse lente qui dérive sur d'autres accords. 
Pour arriver à bien l'entendre, il faut la prendre au moment où débarque la guitare électrique. Le 1er accord de la suite (Am) est à 1'04, le 2° (G) à 1'10, le 3° (F) à 1'16, le dernier (E) à 1'23.
Ray Charles joue les 4 accords de la suite en 2 secondes, Morricone reste 3 fois plus longtemps sur un seul accord de la suite. Mais on a bien plus de variations chez Morricone (en même temps, c'est facile, il n'y a pas de variations chez Ray Charles, où l'on est dans la répétition). Après le passage sur plusieurs autres accords, Morricone revient à la suite en Am à 1'54, mais là, il la joue bien plus rapidement. Premier accord (Am) à 1'53, 2° à 1'56, 3° à 2'00, 4° à 2'03.  
Tout ça, ce n'est pas pour le plaisir de pinailler, c'est juste pour que tout le monde puisse se repérer (enfin, ceux qui ne survolent pas l'article mais ont envie de piger comment tout ça fonctionne), et pour bien comprendre que l'on peut la jouer à des vitesses très différentes. Hit The Road est un excellent exemple pour se la mettre en tête, mais faut pas s'attendre à ce qu'elle soit chaque fois jouée aussi rapidement.

On retrouve d'ailleurs dans un autre grand morceau de Morricone (The Ecstasy of gold, dans le Bon la Brute et le Truand) une variation intéressante sur la suite flamenco (voir lecteur deezer "Suite flamenco I" ci-dessus, comme pour les 3 morceaux suivants).        

La suite d'accords principale est :

Am - C - D - F
Am - G - C - E4/E

Ce n'est pas la suite andalouse originale, mais on s'y retrouve  : on commence par Am, on a, la 2° fois, la descente sur G, et on termine sur le E. La première ligne de cette suite de Morricone (Am-C-D-F), est la même que celle de The House of The Rising Sun.  

Autre très bon moyen de la mémoriser, l'intro de l'excellent (si si) I like it like that *** de Pete Rodriguez (en fa mineur). La suite est très clairement identifiable (on pense à Hit the road, ici) sur l'intro qui dure 35 secondes (après, c'est une autre suite d'accords, plus typiquement cubaine) :


Une des plus célèbres chansons pop utilisant cette suite, c'est Don't let me be misunderstood de Santa Esmeralda (qu'on retrouve sur la B.O. de Kill Bill,dans sa version disco par Santa Esmeralda, l'original ayant été interprété par Nina Simone...). La suite flamenco est sur le riff et le couplet (cf. lecteur).

Blue Spanish Sky *** de Chris Isaak (cf. lecteur) est construit sur cette suite (en la mineur, sur les couplets là aussi), mais on est dans un cadre tout à fait différent. Morceau sur la B.O. de Sailor et Lula de Lynch. Est-ce à dire que les réalisateurs américains sont friands de suites flamenco ? C'est bien sûr parce qu'elle a une coloration typiquement "hispanisante", qui colle aux paysages du sud des EU.

On ne s'étonnera pas de la retrouver chez Calexico, par exemple sur l'excellent Black Heart.



Cette suite andalouse a été aussi utilisée dans le classique. Par les compositeurs espagnols, bien, sûr, mais pas seulement. Un des exemples les plus connus est celui de la Chaconne de la Partita n°2 en Dm de Bach. Un exemple plus "facile" dans le Fortune Plango des Carmina Burana de Carl Orff :

Carl Orff -
Fortune Plango (facile à repérer, elle est rapide sur le passage instrumental avec tutti orchestral, la première fois de 0'41 à 0'49).


Une variation de la suite chez Led Zep, celle de 
Babe i'm Gonna Leave You
On part de Am, on descend sur G... jusque-là, on est bien dans une descente flamenco, sauf qu'on passe par le F# à la basse pour arriver sur F et finir sur E. Ce qu'on appelle une "descente chromatique", on descend les notes les plus proches les unes des autres (sol, fa#, fa, mi).

Même idée dans la non-moins célèbre While my guitar gently weeps des Beatles, la différence étant qu'on ne finit pas ici sur E, on revient sur Am après le F. Et la deuxième fois, on varie de nouveau, avec Am-G-D-E (une 2° ligne identique à la 2° ligne de The Ecstasy of Gold de Morricone vue ci-dessus). La descente chromatique n'est plus que sur 3 notes : sol, fa#, fa.



C'est exactement la même ligne de basse - là aussi célébrissime - dans Glory Box de Portishead. Elle est répétée tout du long du morceau (en Am) : la, sol, fa#, fa. 

Babe I'm Gonna Leave you, While my Guitar, Glory Box... 3 morceaux particulièrement mélancoliques... Vous voulez composer une belle ballade mélancolique ? Pas la peine d'aller chercher très loin, suffit de reprendre cette suite particulièrement triste. La lente descente chromatique à la basse a généralement quelque chose de poignant, on la retrouve d'ailleurs souvent chez Bach (et dans la musique baroque) pour signifier la douleur (dans les oeuvres religieuses de Bach, c'est notamment la souffrance des humains imparfaits qui implorent Dieu). La différence, c'est que dans Babe I'm Gonna Leave you, While my Guitar et Glory Box, on n'a pas une descente totalement chromatique, puisque l'on commence par passer de la à sol (il y a un écart d'un ton entre la et sol, alors que l'écart chromatique - par exemple sol-fa# est de 1/2 ton). Une vraie descente chromatique dans le rock, on en trouve une des plus célèbres là encore chez Led Zep, avec Dazed and Confused. Quand on est totalement dans le chromatisme, on a quelque chose de plus "inquiétant" et sombre (après, ça dépend du rythme et de la vitesse).

Je digresse... revenons-en à la suite andalouse. On en trouve une vraie, chez Portishead, dans
Roads. L'essentiel du morceau est basé sur cette descente, en la mineur. Comme quoi, encore une fois, cette suite qui permet si facilement de sonner "espagnol", on peut en faire quelque chose qui n'a aucun rapport avec le flamenco. Il y a une suite flamenco ici, mais on ne sent pas du tout de coloration hispanisante (essayez de crier "olé !" à la fin de chacune des descentes "flamenco" de Roads, vous verrez, vous aurez l'air particulièrement con).

Une "vraie", aussi, chez les Beatles... le refrain ("Life is very short...") de We can work it out est basé sur la suite flamenco en si mineur (Bm-A-G-F#) :


Dans le dernier Campbell/Lanegan, le titre Come On Over (Turn On me) *** est construit sur la suite flamenco (en fa mineur). On l'entend assez nettement... ce qui est intéressant, c'est qu'on y retrouve aussi la descente flamenco avec le chromatisme de Babe i'm Gonna Leave You ou While my Guitar...
En intro, on a 2 fois la suite andalouse... puis, sur le couplet, 2 fois la suite andalouse, avec ensuite une fois la descente "flamenco-chromatique" (fa-mi bémol -ré-ré bémol). 2 suites flamenco puis une suite "flamenco-chromatique", c'est comme ça que fonctionnent les couplets :




Une des plus célèbres "variations" de la suite flamenco, on la trouve encore chez Led Zep, sur un petit morceau sans prétention dont vous n'avez sans doute jamais entendu parler, qui a une place totalement anecdotique dans l'histoire du rock, connu seulement des exégètes les plus pointus de Led Zep : Stairway to heaven. "Variation", car on ne termine pas sur le E, mais on repasse par G. Au lieu d'avoir le traditionnel Am - G - F - E, on a Am - G - F - G.

Stairway to Heaven ***

Merci youtube, la vidéo part ici directement sur le solo et le final, qui sont entièrement basés sur cette suite. Pendant le solo, vous entendrez la basse descendre cette "suite flamenco" sans le dernier accord, puis, quand Plant reprend le chant, Page martèle ces accords sur l'électrique.
Une suite très souvent utilisée dans le rock... qu'on retrouve aussi chez Bowie, dans Ziggy Stardust, par exemple (voir lecteur deezer ci-dessous)

De 1'13 à 1'30. La similitude avec Stairway est frappante. Suite andalouse en Am, typique, avec Am- G, puis la basse alterne rapidement F et E, repasse sur G (comme Stairway) pour recommencer.
Autre suite flamenco vraiment très nette, dans le solo et final de Moonage Daydream *** :
A partir de 3'13, jusqu'à la fin, la suite andalouse tourne en si mineur (Bm-A-G-F#). Un autre bon moyen pour facilement se la mettre en tête (on reste environ 3 secondes sur chacun des accords).
On ne peut pas dire que la musique de Bowie sonne particulièrement "flamenco", pourtant, on retrouve souvent chez lui des suites andalouses. Encore un exemple, avec le refrain de Cracked Actor (et je défends quiconque de m'affirmer qu'il a toujours trouvé un petit côté flamenco sur ce refrain). Comme sur Moonage Dream, on est en si mineur avec une suite Bm-A-G-F#). Pour ceux qui sont vraiment paumés, le premier refrain est à 0'38 (la suite est jouée deux fois pendant le refrain)... bien entendu, c'est la même suite d'accords sur les autres refrains du morceau.



Découvrez David Bowie!



 

 

Aerosmith - Dream On, le refrain est là aussi sur la même suite que celle de Stairway to heaven... mais ils varient. Led Zep, sur tout le final, ne bouge pas de cette suite Am - G - F -G, alors qu'Aerosmith retombe parfois sur le E qui conclut d'habitude la suite andalouse et, surtout, ils arrivent à monter en intensité (quand Tyler hurle "Dream On, Dream On..."), en la prenant à l'envers et la remontant.... Ils sont en Fa m, on a donc la suite Fa m Mib Réb Mib (comme Led Zep, mais dans une autre tonalité), puis descendent sur le Do... et ils effectuent la remontée à partir du Sib : Sib - Do - Réb - Mib - Fa (et ils continuent).
Une bonne idée pour pousser plus loin le lyrisme à partir d'une suite flamenco.

La suite qu'utilise Led Zep, sans l'accord final, on ne la retrouve bien entendu dans des tas de chansons qui l'ont suivi...  et même précédé. Si Stairway en reste la plus marquante utilisation, elle a déjà été utilisée par Dylan dans
All Along The Watchtower (ici, la célèbre reprise d'Hendrix, on est en do mineur). Pour le meilleur, donc (Dylan, Led Zep)... mais pas seulement :  

Vivien Savage -
La P'tite Lady

Qui ne dira rien à ceux qui n'ont pas connu ces foutues années 80, mais qui rappelera sans doute des souvenirs aux autres... je vous conseille de l'écouter, vous verrez qu'il est assez drôle, pendant le refrain (à 0'55) bâti sur cette même suite, de fredonner le riff final de Stairway to Heaven, ou ce que chante Plant à ce moment '"And Everyone...".
De la même manière, on peut chanter le refrain de La p'tite lady tout au long de la 2° partie de Stairway (faut être un peu tordu pour s'amuser à ça, mais pourquoi pas...)

Puisqu'on est dans les tubes des 80's  : 

Madonna -
Papa don't preach (descente de basse flamenco assez nette, même si le morceau ne sonne pas "flamenco")

Pas étonant que le "minimaliste" Pharrell Williams, amateur de motifs instables et sombres sur quelques petites notes, lorsqu'il doit composer un Spanish Lesson pour le dernier Madonna, vire l'accord principal (Am) et se contente des 3 suivants (G-F-E)  : Madonna -
Spanish Lesson 
Un peu facile, tout de même ce titre... pas le meilleur du dernier Madonna (si si, moi qui ai toujours détesté Madonna, je trouve, sans rire, son dernier album pas dégueu)

Réhaussons le niveau tout de même, avec le très beau Comfortably Numb de Pink Floyd. Le couplet (chanté par Waters) est sur la suite andalouse, en si mineur.



Quelques variations de la suite andalouse : 


The Doors - Spanish Caravan
Pas la suite "littérale", mais on en reste assez proche (surtout sur le refrain "Take me Spanish caravan, avec la descente Em - D7 - C), d'autant plus qu'est repris Iberia d'Albeniz.


The Roots -
You got me
Après le Bm, on descend d''1/2 ton au lieu d'un ton, mais on retrouve à la fin le même 1/2 ton de la suite andalouse (G-F#).

PJ Harvey - The Dancer
Le Am-G-F-E "traditionnel" en intro et à la fin, mais sur l'essentiel du reste du morceau, elle saute le Fa.




Les Red Hot Chili Peppers virent le 2° accord sur Road Trippin', puisqu'on a Em - C -B (la suite andalouse aurait été, en mi mineur : Em - D - C - B)
Si vos oreilles commencent à bien s'habituer à cette suite, vous entendrez sur Road Trippin' cette descente qui vous rappellera les autres suites andalouses, même s'il manque un accord... car le Em dure deux fois plus longtemps, on a, pour être plus précis : Em - Em - C - B au lieu de Em - D - C - B.
C'est la même chose sur Seven Nation Army des White Stripes, dans la même tonalité (Em Em C B). Il n'y a pas l'accord de ré, qui serait le 2° de la suite andalouse, mais la note ré passe dans le riff sur le 2° mi mineur.

Led Zep virait le 4° accord sur Stairway, PJ vire le 3° accord sur The Dancer, les Red Hot virent le 2° sur Road Trippin', Pharrell Williams/Madonna virent le 1er accord sur Spanish lessons... comme quoi on peut "amputer " la suite d'un de ces accords. Cela devient en quelque sorte une "suite andalouse tronquée". 

Encore chez les Red Hot, sur Can't Stop, une inversion des deux derniers accords : en mi mineur (comme Road Trippin'), au lieu d'avoir la suite andalouse Em-D-C-B, on a Em-D-B-C.


Revenons à la suite "typique", avec un exemple célèbre  Dire Straits - Sultans of swing
On entend la suite (Dm-C-Bb-A) sur les deux premières lignes de chaque couplet. Une utilisation caractéristique de la suite, avec le dernier accord tenu chaque fois plus longtemps que les autres (2 temps pour le premier accord, 1 temps pour le 2°, 1 temps pour le 3°, et 4 temps pour le 4°). C'est ce qu'on fait généralement quand on passe assez rapidement sur chaque accord, pour se "poser". Quand on fait durer un peu plus les accords, par contre, ils ont tous la même durée chacun, comme dans le très beau
La Llorona *** de Joan Baez.
Vous entendez ici la première arrivée de la suite à 0'25. Elle est jouée sur un rythme de valse (rythme ternaire, chaque accord tient pendant deux temps, donc vous pouvez compter 2x3 pour chaque accord, chaque temps dure ici une seconde environ... donc environ 2 secondes sur chaque accord...). La suite est jouée sur chaque refrain, le premier, donc, est à 0'25, et dure jusqu'à 0'44, la suite est jouée deux fois, sur chacun des refrains. Je détaille un peu plus pour ce morceau, car on est en plein dans un cadre hispanisant, c'est une bonne manière de la ressentir.  

La suite flamenco sur un rythme de valse, on la retrouve chez It's a Beautiful Day, dans les couplets (et l'intro) de
Girl with no Eyes.

L'utilisation de cette suite dans les couplets est très fréquente, c'est le cas aussi de 
Staring at the Sun de U2 (en la mineur) ou Seven by seven de Hawkwind (en sol# mineur, le premier couplet est de 0'43 à 1'40).

Elle est très nette (assez lente, environ 4 secondes sur chaque accord) dans les couplets (et l'intro) de l'hispanisant One More Cup Of Coffee *** de Dylan :




Une des utilisations les plus courantes de cette suite, c'est dans les tubes latino de l'été. Un peu tard pour cet été, mais si vous voulez toucher le jackpot l'été prochain, mettez-vous à la suite flamenco dès maintenant :

Shakira - Objection tango


Ici, la suite se retrouve sur les refrains (de 0'37 à 1'00 pour le premier, elle est répétée 4 fois sur chaque refrain).


Les pires tubes latinos en usent et abusent, comme

Enrique Iglesias - Bailamos (suite typique, en la mineur)

Ou le pire du pire, l'infâme tube de l'été des Las ketchup... elles font durer, non pas le plaisir, mais les accords. La suite est sur le refrain, mais avec chaque accord qui dure un bon moment (je ne mets même pas de liens, démerdez-vous, pas question que je prenne 3 secondes pour vous renvoyer à cette horreur...)

Revenons à des choses plus acceptables (et beaucoup moins latino, même s'il n'y a pas de contradiction entre "acceptable" et "latino") :

The Cure - Love Song ***


S'il n'y a rien d'étonnant à trouver la suite andalouse chez Enrique Iglesias, ça l'est plus chez les Cure, on imagine moins Robert Smith dansant sur une table en habit de toréador avec des castagnettes dans une main et un verre de sangria dans l'autre. Pourtant, tous les couplets de ce morceau (et l'intro) sont construits sur la suite flamenco traditionnelle en la mineur.

(Je décline toute responsabilité en cas de suicides de jeunes gothiques apprenant avec stupéfaction qu'ils ont pleuré sur la même suite d'accord que celle de Bailamos d'Enrique Iglesias) 

La suite flamenco est idéale pour les "tubes festifs", mais aussi pour les "tubes mélancoliques". Avec Love Song des Cure, mais aussi le célébrissime refrain des Mots Bleus de Christophe, entièrement construit sur cette suite... ça ne semble pas forcément évident, mais ce refrain a tout de même quelque chose d'hispanisant. En tout cas, plus que A Love Song des Cure. 


Quelques derniers exemples pour la route :

Kinks - Rosie won't you please come home

L'intro est sur Am-G-F-E, puis, les accords changent légèrement pendant le chant, jusqu'à  If you're not, please, please, please come back  où l'on retrouve la suite (de 0'37 à 0'40, on a un accord par seconde, puis de 1'09 à 1'12... en fait, chaque fois avant de revenir au début du couplet, on passe par cette suite, qui est vraiment utilisée ici comme une "cadence").

On la retrouve aussi par endroits sur
Pictures of Lily des Who.


Nick Cave - Easy Money ***


Magnifique ballade mélancolique, dont les couplets (et l'intro) sont principalement construits sur la suite andalouse en (mi mineur). Elle est jouée 2 fois, puis on trouve une remontée qui peut légèrement faire penser à Dream On d'Aerosmith. Très facile de reconnaître la suite flamenco sur Easy Money (même si le morceau n'est pas hispanisant), la basse descendante est bien mise en évidence.


Puisqu'il est question de "descente", terminons avec le tube Hunting High And Low de A-Ha :


La suite andalouse est la base de ce morceau... mais elle y est vraiment retravaillée. On a Am pour commencer (normal), le 2° accord n'est pas vraiment un G, c'est un Am9 (mais la 9° de Am, étant G, on s'y retrouve... de plus, par la suite, ce G passera à la basse), on a ensuite le F, mais au lieu de descendre sur E, on passe sur Fm. Ce qui est pas mal vu... la 2° fois, on ne repasse plus par le Fm, toujours pas de E non plus, mais un Db à la place... plutôt original, et ça leur permet une modulation à la tierce mineure, ce n'est que là que l'on a la suite andalouse typique, mais en do mineur, avec Cm - Bb - Ab - G,et ce G leur permet de redescendre sur F et remonter cette fois la suite andalouse en Am en repassant par G pour aboutir au Am.... et ensuite reprendre leur descente Am-Am9 (ou Am/G) - F - Fm. La modulation en do mineur avec suite andalouse typique, c'est aussi ce qu'on a sur le passage instrumental "énergique" de 2'39 à 2'45 (c'est là où on la reconnait le mieux).
C'est pas du Schubert, mais c'est tout de même plutôt bien foutu, il y a aussi pas mal d'autres subtilités dans ce morceau... donc, on pourrait presque dire que A-Ha, c'est quand même des compositeurs d'un autre calibre que ce gros bourrin de Ray Charles. Dans Hit The Road Jack, Ray s'emmerde pas, il prend la suite andalouse, ne change strictement rien, et la fait tourner telle quelle du début à la fin. Pas de modulations, pas de variations, c'est hyper basique et simple. Par contre, chez A-Ha, on a quelque chose de bien plus raffiné.
On pourrait presque le dire... mais on ne le dira pas, bien sûr. Car, contrairement à ce que certains pensent, dans la pop, ce n'est pas la richesse harmonique qui fait forcément la qualité (et dans le classique aussi, d'ailleurs, suffit pas simplement d'harmonies hyper-complexes pour faire une grande oeuvre). Car au-delà de ça, il y a un côté terriblement mielleux dans Hunting High and Low, on ne peut mettre au même niveau ce morceau que
le jubilatoire Hit The road
Ce n'est pas la complexité, mais ce n'est pas non plus une suite d'accords qui peut déterminer de la qualité... à partir de cette même suite, on peut composer la plus sublime des musiques (Bach) et la plus putassière (Las ketchup). La musique espagnole la plus belle (Paco de Lucia), comme la pire (Enrique Iglesias).

Quand on voit le nombre de chansons qui se sont basées sur cette suite (et je suis loin d'avoir tout répertorié, j'ai mis celles qui m'ont sauté aux oreilles, qu'il m'est arrivé de reprendre - non, je n'ai jamais repris du Las Ketchup, Dieu m'en préserve - si vous en connaissez d'autres, n'hésitez pas à me les proposer), on se dit que la musique pop (et pas seulement) doit beaucoup plus qu'on le pense à l'Espagne. Car ce ne sont pas ici seulement quelques "espagnolades", mais, pour beaucoup, des chansons que tout le monde a dans les oreilles... La "suite andalouse" n'est pas un simple "gimmick folklorique", elle a pris une place de choix dans les musiques populaires. Pour le meilleur, comme pour le pire, donc...

J'ajouterai toutes celles que j'entendrai où que l'on me proposera dans le lecteur ci-dessous :
Stray Cat Struts des Stray Cats (merci KMS)
Feeling Good de Nina Simone, bien sûr (merci Boeb'is)
Casey's Last Ride de Kris Kristofferson et Runaway de Del Shannon (merci Ernesto
Générique d'Ascenseur pour l'échafaud de Miles Davis et Long is the time... de Chris Rea (merci Miles)

Nneka - Come with me
Sophie Hunger - 1983

Sam Amidon -Red

Jack the Ripper - I was born a Cancer (Vincent) 

 


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28 juin 2006 3 28 /06 /juin /2006 18:41

Fado           1992 - Auvidis ****

 

Je ne suis pas un spécialiste de fado (musique traditionnelle portugaise), mais je n’ai pas de doutes sur le fait que ce disque est un des trésors du genre.

Un album qui mérite vraiment que l’on s’y attarde, car le décalage entre sa notoriété et sa qualité est considérable. En tapant Alexandra " un parfum de fado " sur Google, je ne tombe que sur… 27 liens ! Et la plupart sont des vendeurs de disques chez lesquels il est épuisé.

Si elle est quasiment inconnue en France, elle semble tout de même plus célèbre au Portugal. Je ne connais rien au portugais, mais pas besoin d’avoir fait d’études de langues poussées pour comprendre la phrase suivante sur un site consacré au fado :

 

Alexandra, é uma das grandes referências da música portuguesa das últimas três décadas.

A l’écoute de l’album, on n’en doute pas une seconde. Pourquoi cet album est-il donc si méconnu ? Je vous entends derrière vos écrans dire " il doit bien y avoir une faille, un défaut qui l’explique "…

Sa voix ? Sûrement pas. Une si belle voix est un atout majeur, pas un handicap. Dans le pire des cas, on pourrait lui reprocher d’avoir une voix et une façon de chanter assez proches de la " grande dame " du fado, Amalia Rodrigues. Mais face à elle, Alexandra ne souffre pas la comparaison (certes, ce n'est pas Amalia, mais elle a des qualités à revendre).

Les chansons ne sont pas exceptionnelles ? Au contraire ! Même pour un profane, elles ont de superbes mélodies, qui émeuvent et charment à coup sûr. Les 14 fados de ce disque sont des perles du genre. Je ne connais pas d’album d’Amalia Rodrigues avec autant de morceaux captivants.

Le son est mauvais ? Un disques de musiques du monde enregistré par un ethnomusicologue sur un magnétophone pourri ? Non plus…Remarquable prise de son, rien à redire.

C’est le genre de disques de " world-music " où l’on mélange tout et n’importe quoi, avec des boîtes à rythmes et synthés pas toujours de très bon goût ? Toujours pas… le disque a été enregistré en 1977, avec des instruments traditionnels joués par d’excellents musiciens.

Bref…que ce disque reste confidentiel est une énigme qui me dépasse. Capable de séduire à la fois les spécialistes du genre et les novices, il devrait être considéré comme une référence incontournable du fado. Mais que font les journalistes ? Pour en faire des tonnes sur des types qui jouent à la baballe, ils sont là, mais quand il s’agit de réparer cette scandaleuse injustice, y a plus personne…


Je laisse trois titres en écoute :


Fado das Queixas

Marcha do Bairro Alto

Anda O’Fado N’outras Bocas

 

Guitare portugaise : José Luis Nobre Costa

                                Antonio Parreira

Guitare : José Carvalhino

Guitare Basse : Joël Pina

 

Enregistré en 1977 à Lisbonne

 

Alexandra – Un Parfum de fado Vol.2 *

                    Portugal - A spirit of Fado


1. Fado de Cada Um

2. Al Se Os Meus Olhos Falassem

3. Adeus

4. Lenda das Algas

5. Marcha Do Bairro Alto

6. Adeus Mouraria

7. Grande Marcha de Alfama

8. Maria Severa

9. Fado das Queixas

10. Rosa Enjeitada

11. Anda O Fado N'Outras Bocas

12. Fado da Sina

13. Nem as Paredes Confesso

14. Novo Fado da Severa (Rua Do Capelao)


Vol. 2 car c’est une collection en plusieurs volumes. Le volume 3, avec le chanteur Rodrigo, est aussi très bon (je ne connais pas les autres…)

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