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16 juillet 2009 4 16 /07 /juillet /2009 20:24


06/2009  -  Truth and Soul

Les amateurs de soul et funk ont de quoi se réjouir, deux très grands albums sont sortis cette année. L'excellent Bird Head Son d'Anthony Joseph & The Spasm Band, et ce non-moins excellent My World de Lee Fields. Deux albums qui ont en commun d'être fortement ancrés dans l'âge d'or du genre (fin 60's début 70's), le premier étant le plus "free", le second le plus "roots". Avec l'album de Baby Charles l'an dernier (auquel on pourrait ajouter le Sharon Jones & the Dap Kings de 2007, voire le Amy Winehouse), le revival soul/funk du moment est assez passionnant.

Pourtant, un revival, c'est en général assez peu excitant. Signe qu'on tourne en rond, manque de créativité, réchauffé... refaire ce qui a été fait il y a plusieurs décennies en moins bien, c'est d'un intérêt très limité. Bizarrement, les critiques musicaux sont en général assez peu sévères avec le "revival". Sans doute parce que ça leur permet de revenir en terrain connu, de sortir leurs grandes références, l'impression d'une seconde jeunesse... Un jour, ils vous expliquent que tel album est génial parce que novateur, le lendemain, que tel autre est aussi génial car il reproduit parfaitement ce qu'on faisait déjà 20 ans auparavant. Allez comprendre... 

Bref, n'écoutez pas les critiques, les revivals n'ont rien d'enthousiasmant, ils sont même au fond très "bourgeois". Au lieu d'oser, d'inventer et d'expérimenter, on se repose dans son petit confort tranquille sur ce qui a déjà été éprouvé et qui a fonctionné.   

Mais avec les albums de Sharon Jones, Baby Charles, Anthony Joseph et Lee Fields, on tient enfin un type de revival remarquable et pertinent. Remarquable, car à l'écoute de ces albums, on ne se dit pas "ce sont de bons albums d'un genre d'une autre époque" - le mieux qu'on puisse espérer, la plupart du temps, d'un revival - mais "ce sont des albums qui, s'ils étaient sortis au début des 70's, auraient eu leur place à côté des meilleurs". Pertinent, car il est nécessaire de revenir aux bases de la soul et du funk. A la fois parce que ces genres ont par essence, comme le blues, une identité forte (historico-sociale autant que musicale) qu'il convient de ne pas négliger ou trahir (ce qui compte dans le blues, la soul et le funk, c'est d'exprimer plus que d'inventer)  et ils sont la plus juste des réactions à la pire dérive qui soit de la musique afro-américaine : le r'n'b moderne.

Si
Michael Jackson a amené le règne du marketing et du grand spectacle boursouflé dans la pop, il est aussi coupable d'avoir blanchi la musique noire-américaine. Il délaisse l'élégante sensualité de la soul et la liberté cathartique du funk pour une soupe bien plus consensuelle et racoleuse. Il y aurait des pages à "noircir" sur l'influence désastreuse de Michael Jackson sur la musique noire-américaine (ce qui a d'ailleurs été fait, mais oublié ces derniers temps), et les stars du r'n'b moderne sont ses sinistres rejetons. Face à cette dérive, il était donc nécessaire de revenir à ce qu'est vraiment la musique noire-américaine populaire...

Cependant, englober Lee Fields dans ce "revival" est quelque peu étrange, car il a vécu les grandes années de la soul et du funk. Celui que l'on considérait comme le "James Brown underground" n'a jamais eu la notoriété des grands de la soul et du funk, il fait partie de ces "trésors cachés" que se partagent quelques happy fews fans de soul/funk. Le problème, lorsqu'on n'est qu'un "trésor caché", c'est qu'il faut bien vivre, et Fields a accepté il y a quelques années de chanter sur des morceaux du plus niais des DJ, Martin Solveig. On souhaite vivement que ce superbe album ne reste pas lui aussi réservé aux aficionados, et que Fields n'ait plus à supporter ces "travaux alimentaires". Utiliser une telle voix pour ça, c'est du gâchis...

D'ordinaire très funk, Lee Fields se fait ici beaucoup plus soul, trouvant même une parfaite alchimie entre les deux genres. James Brown, Marvin Gaye, Otis Redding,
Curtis Mayfield... on pense inévitablement aux plus grands en écoutant My World, et Lee Fields ne souffre pas la comparaison. Un mot aussi sur les "Expressions" qui l'accompagnent, de formidables musiciens (qui ont bossé avec Sharon Jones et Amy Winehouse) au groove impeccable. Rien à redire, donc, sur ce grand album... si ce n'est un tout petit bémol, la reprise du hit un peu mielleux de la Motown My world is empty without you (malgré une instrumentation bossa assez plaisante). Mais c'est vraiment histoire de chercher la petite bête...

Dommage qu'on ne puisse écouter l'album sur deezer, musicme, jiwa et les autres... seuls 4 titres sont disponibles sur imeem, 3 sont superbes, le 4° est My world is empty without you...   

Playlist :


Lee Fields & The Expressions - My World

[Edit : L'album est maintenant en écoute sur deezer
           
Lee Fields & The Expressions - My World

01 Do You Love Me
02 Love Comes And Goes
03 Honey Dove
04 Money I$ King
05 My World Is Empty Without You
06 Expressions Theme
07 My World
08 Ladies
09 These Moments
10 The Only One Loving You
11 Last Ride
12 Truth, Deception, & Lies - My World Remix (Feat. Aloe Blacc)
13 My World (Instrumental)
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commentaires

C
Eh hop : une petite vidéo qui commence à buzzer et qui apporte un éclairage indispensable à la tournure qu'a prise notre conversation :http://www.youtube.com/watch?v=dpMzeLEteBYFranchement quel personnage déroutant ce Michael Jackson !
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T
sinon, ce serait tout de même un hasard hallucinant que sur les milliards de femmes qui se trouvent partout sur la planète - sachant qu'on en recontre tous même pas 0,0..01% - on arrive chaque fois à tomber sur celle-là même qui va nous éveiller à l'amour...Arrête, Guic' il y croit dur comme fer (si, si, même qu'il est fan d'How I Met Your Mother...
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G
THOM : Oui, mais nous, c'est pas pareil^^Bien sûr, tout ça est à nuancer, nous ne sommes pas des machines... mais il n'empêche qu'on ne tombe pas "amoureux" parce qu'on a rencontré une personne "unique", la seule qui pouvait nous correspondre autant... sinon, ce serait tout de même un hasard hallucinant que sur les milliards de femmes qui se trouvent partout sur la planète - sachant qu'on en recontre tous même pas 0,0..01% - on arrive chaque fois à tomber sur celle-là même qui va nous éveiller à l'amour... (Quant à Montaigne, pas étonnant qu'il ait raconté quelques bêtises de ce genre, il avait quelques lacunes... il n'a même pas lu Schopenhauer ou Freud, ce con^^)
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T
G.T. >>> Prenons un exemple avec un phénomène encore plus universel ; l'amour.Oh ! Alors ça c'est bas. Et Montaigne, alors ? Parce que c'est lui, parce que c'est moi... tu veux dire que ce que je ressens pour toi, en fait, plein d'autres blogueurs auraient pu le déclencher ? Tu sais, si tu cherches à rompre, il y a des moyens plus doux pour le faire... ;-)(par exemple te mettre à critiquer sèchement Michael Jackson et Children of Bodom, pour mieux dire du bien de poseurs comme Ghinzu et Bat For Lashes)(:-)Caetano >>> "vous croyez qu'ils ont un observatoire de la blogosphère" ?"J'en suis convaincu :-)
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C
@ Thom : Ouais, bon Dangerous vite fait hein ...par contre c'est vrai, j'ai un sacré faible pour HIStory.Au fait ils sont drôles aux Inrockuptibles : http://www.lesinrocks.com/musique/musique-article/t/1249808520/article/lee-king-size/Vous croyez qu'ils ont un observatoire de la blogosphère ? lolBon allez, je m'en vais me réécouter du DJ Spinna ^^
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G
THOM : Bien sûr qu'il n'est pas question de gène... mais je ne pense pas que l'on devienne un vrai fana de musique juste parce qu'UN groupe t'a plu à un moment donné... c'est une question de sensibilité... Prenons un exemple avec un phénomène encore plus universel ; l'amour. Quand on tombe amoureux pour la première fois, on a l'impression que c'est l'être aimé qui provoque tout ça, que tout vient d'elle, qu'elle est "unique", "l'âme soeur"... et pourtant, des milliers d'autres filles (pas 'toutes" les filles dans le sens "n'importe quelle fille") auraient suscité exactement les mêmes émotions... et on aurait pu pour chacune d'elle penser "c'est elle qui déclenche de telles émotions en moi"...De la même manière, la passion pour un groupe, un artiste, une musique, est fonction de tout un tas d'éléments, qui existent déjà en soi, et qui vont se cristalliser sur telle musique... mais des tas d'autres auraient fait l'affaire... Bref, il n'y a absolument pas besoin d'un MJ pour que des gens se découvrent une vocation de musiciens, ou deviennent de grands passionnés de musiques... tout comme il n'y a pas besoin de telle fille, "unique", pour tomber amoureux...Quant à jeter MJ aux oubliettes... là, il est tard, et je préfère maintenant me laisser aller à mon "conditionnement rock" et dire "Bien sûr qu'il faut l'y jeter, MJ, c'est de la grosse daube FM... dans les années 80, il n'y avait que Sonic Youth et Public Enemy d'excitant, le reste, poubelle..." :-)
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T
Zut, le commentaire est parti tout seul ! :(Ca devait se finir par quelque chose comme "ne pas être dupe des excès qui ont accompagné son succès ne signifie pas qu'on jette tout d'un gros bloc aux oubliettes".
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T
:-)Ah mais, si on a des désaccords sur certaines interprétations et "théories" (on va dire), j'ai toujours pensé qu'on partageait tout de même un intérêt commun pour Jackson en lui-même (sinon nous n'en aurions pas parlé aussi longuement ^^). Je pense même qu'on est assez d'accord sur les pièces majeures de sa discographie (à quelques nuances prêts, vous avez votre Dangerous, j'ai mon Forever).
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C
Moi non plus je veux pas relancer mais je tiens quand même à rajouter qu'au final je suis beaucoup plus proche de Thom que je ne l'aurais imaginé au départ.Au plaisir donc ...et au prochain débat peut-être ?
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T
Sinon, pour en revenir à Jackson et sans vouioir relancer le débat interminable, je trouve quand même très réducteur de dire "allez, Michael tirait la musique vers le bas, c'est rien que du spectacle mercantile et fermez le ban".  On ne parle quand même pas du premier staracadémicien venu, mais du chanteur le plus populaire de tous les temps, l'un des rares artistes occidentaux dont on connaît le nom dans certains coins parmi les plus reculés de globe (c'est véridique, je vous raconterai mes voyages à l'occasion), pas juste un mec qui a eu deux tubes racoleurs dans les années 80. Rappelons d'ailleurs au passage qu'à sa sortie, Thriller n'a pas juste été un mastodonte commercial matraqué sur les ondes et abrutissant les gens... mais aussi un album encensé par les critiques les plus sérieux, séduisant aussi bien via son approche sonique (dont je maintiens qu'elle était loin d'être aussi lisse et racoleuse qu'on voudrait le faire croire) que grâce à la personnalité de son auteur (qui a l'époque en avait une, Jackson était loin d'être à cette époque la parodie de la fin de sa vie, et "Billie Jean" - pour prendre ce seul exemple - n'est pas une scie débile et racoleuse ne racontant rien d'intéressant comme il y en a des milliers aujourd'hui). Oh bien sûr... c'était FM (quoique pas tant que ça, Thriller a même plutôt pris la mode à revers, avant d'être fort logiquement immité jusqu'à plus soif), c'était dansant, ça passait en rotation lourde à la radio, c'était même "commercial"... mais c'était une musique qui avait une véritable âme et un style indéniable (sauf à être de très mauvaise foi). Qu'on aime pas Jackson est une chose, qu'il représente à la fois le meilleur et le pire des 80's, c'est une évidence... de là à évacuer la question en trois lignes euh... non.
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T
G.T. >>> je suis d'accord avec pas mal de trucs, mais il y a vraiment un passage que je ne comprends pas : "je ne pense pas une seule seconde que sans Depeche Mode, je n'aurais pas été autant fana de musique... si ça n'avait pas été eux, d'autres - ou d'autres musiques - auraient joué ce rôle. " Qu'est-ce que tu entends par-là ? Que tu avais un gène du fan de musique qui serait activé de toute façon ??? :-/
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D
j'ai trouvé ce qui pêche sur cet album que j'ai écouté sur la route de mes vacances grace  à toi : c'est le manque de choeurs en arriere plan qui rendrait son album bcp plus agréable il me semble, là il n'y a que sa voix et les morceaux se succédent de manière moins agréable
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C
Ouais, bon là on a atteint le point de non-retour je crois. Je ne suis d'accord avec rien, mais absolument rien de ce que tu viens de dire, à l'exception du passage très "Rize" sur l'histoire des musiques afro-américaine.J'attendrai de voir ce que tu apprécies par simple curiosité lol...
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G
CAETANO : Je n'ai pas "dressé un bilan de l'oeuvre de MJ", juste dit quelques mots sur ce qu'il représente à mon sens... pas besoin d'avoir analysé ni même écouté son oeuvre en détail pour cela... je pourrais faire de même pour Johnny sans ne jamais avoir écouté un seul de ses albums, ce sont des "stars" qu'on nous matraque suffisamment pour qu'on les connaisse bien, pour qu'on ait entendu bon nombre de titres, même sans le vouloir... et je ne suis pas seul à le considérer plus comme un "repoussoir" qu'une source d'inspiration. Dans les années 80, il a représenté pour de nombreux passionnés de musique ce qu'il y avait de pire...Dernièrement, j'ai vu un de ses concerts diffusé à la télé (concert qui devait dater de la fin des 80's ou du début des 90's)... c'était affligeant. Du spectacle boursouflé, stupide, hyper-kitsch, avec la guitariste hard et ses solos débiles, des tenues ridicules, une fille habillée en blanc avec de grandes ailes d'anges qui descend par un fil sur scène à la fin, tenant un ballon représentant la terre avec lequel elle danse... non, franchement, il y a des limites au mauvais goût et à la niaiserie...Ensuite, bien sûr que la dimension festive est très importante dans les musiques afro-américaines, je n'ai jamais dit le contraire ! Et elle ne s'oppose en rien à la révolte, elle participe de ce besoin de "libération", de catharsis d'un peuple qui se sent particulièrement frustré (et le mot est faible, quand on remonte à leur condition d'esclave)... elle a aussi une fonction "identitaire", avec le retour à une forme de transe des rites africains...Enfin, on ne se mettra pas d'accord sur le rôle de ces grosses stars... bien sûr que des gens qui ont suivi après des voies plus intéressantes ont été tout d'abord influencés par des MJ... puisque ses chansons étaient matraqués et qu'on ne pouvait y échapper. Mais je ne vois vraiment pas en quoi d'autres musiques tout autant matraquées n'aurait pas eu le même effet... Ce qui a suscité ma passion pour la musique, le groupe "déclancheur", pour moi, a été Depeche Mode. Mais je ne pense pas une seule seconde que sans Depeche Mode, je n'aurais pas été autant fana de musique... si ça n'avait pas été eux, d'autres - ou d'autres musiques - auraient joué ce rôle.    
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M
Je n'ai pas tout lu, mais je suis d'accord avec GT en ce sens... je différencie "musique" et "show-bizz" même si beaucoup d'artistes en font partie des deux, les meilleur en sont aussi capable de faire de leur concerts un spectacle. Mais MJ, Madonna etc c'est avant tout du spectacle (pour moi).
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C
Merci pour les retouches, c'est bien plus agréable à parcourir comme ça.Par contre pourquoi faire mine de dresser le bilan de l'oeuvre de MJ vis-à-vis du patrimoine musical afro-américain quand on ne s'y intéresse pas et qu'on n'en a qu'une connaissance superficielle ? C'est bizarre. Au moins Thom, lui, sait de quoi il parle..."je ne pense absolument pas que ces grosses stars "tirent" les gens vers la musique... La musique existe depuis la préhistoire, dans toutes les civilisations, elle est quasi-essentielle pour l'homme... on n'a absolument pas besoin de grosses stars qui sortent des trucs consensuels pour que les gens se mettent à apprécier la musique"Je n'en démords pas. Certes la musique a été présente dans toutes les civilisations depuis la nuit des temps mais à quelles places sociales ?S'il est vrai qu'en Europe et dans d'autres grands pôles civilisationnels elle a assez tôt bénéficié d'une aura positive, il ne faut pas oublier que c'est loin d'être le cas partout. Aussi, sa pratique s'est souvent retrouvée marginalisée dans bien des sociétés, particulièrement les musiques populaires, et ce en vertu de raisons ethno-sociologiques compliquées (notre fameux Salif Keïta, pour ne citer que lui, en sait quelque chose). C'est valable pour l'élite sociale aussi bien que pour les classes les plus populaires.La professionnalisation de la pratique musicale non érudite, ou en tout cas de celle qui ne s'inscrit pas dans le prolongement des canons esthétiques dominants, et sa formidable attractivité ne sont que récentes et je pense toujours que ce phénomène, auquel j'accole la starification, a non seulement suscité d'innombrables vocations et aimanté les jeunes vers la musique, mais il a aussi largement contribué à l'essor de pratiques musicales nouvelles, tel un catalyseur portant la marmite créative à ébullition.En somme, probablement pas de Grizzly Bear sans starification des Beatles ou des Beach Boys, pas plus que de Caetano Veloso sans Francisco Alves. Sans doute ces derniers seraient-ils devenus des ingénieurs ou des commerciaux dans une dimension parallèle..."donc, à mon sens, les MJ, Madonna, Britney Spears & co ne font que tirer la musique vers le bas, en proposant une musique hyper-lisse et racoleuse qui ne fait qu'abrutir le public, en le conditionnant à des choses toujours plus faciles, à de la seule "consommation"...Bof...déjà mettre sur un même plan MJ, Madonna ou Britney Spears, ce n'est pas très sérieux, ne serait-ce qu'en terme de résonnance planétaire.<br /> D'autre part, baignant dans ce bassin culturel on en arrive à ne plus distinguer la force de l'héritage musical que charrie toutes ces musiques, aussi galvaudé soit-il. Pas sûr qu'un Papou n'apprécie pas du Britney...ou du Zazie..."c'est justement parce qu'on est submergé par cette musique-là que toute musique un peu plus pointue n'a quasiment aucune chance de toucher un public autre que de quelques "esthètes" et mordus de musique... MJ ne mène pas plus à Coltrane que Transformers ne mène à Bergman ou McDo à la grande cuisine... c'est même plutôt l'inverse..."On ne sera jamais d'accord sur ce point. Pour ma part j'ai déjà exprimé ce que j'en pensais : c'est justement parce qu'on est "submergé" par ces musiques là (pas plus qu'on peut-être submergé par les trucs rock indie anglo-saxons prétendument dignes d'intérêt et qui pullullent dans la blogosphère soit dit en passant) que cet art possède cet impact social et suscite autant d'espoir dans tous les milieux. C'est justement parce MJ que des gamins veulent faire de la musique (Sefyu) ou de la danse (Akram Khan) au lieu d'autre chose et qu'ils s'y adonnent alors en profondeur, en cherchant à en savoir toujours plus et à aller toujours plus loin, à remonter l'histoire etc. (heuuuu, j'ai dit Sefyu ? ^^)Dans mon entourage propre j'en connais plein qui ont commencé par MJ et qui nagent à présent en plein Monk, Sun Ra, Robert Glasper, Jason Moran, Ali Farka Touré et tout ce qu'on veut : je ne les compte plus, et c'est pas du chiqué.Concernant à présent ton post précédent sur les musiques afro-américaines, juste une petite remarque : faisons attention à ne pas surestimer l'importance de la révolte quand la réalité est parfois bien plus prosaïque et festive.Bien sûr tout cela (souffrance, oppression, droits civiques etc.) fait partie intégrante de la grande Histoire de ces musiques afro-américaines, mais cette histoire justement demeure un poil plus complexe que ce qu'on trouve couramment dans les livres "savants" et qui parfois pêchent par déterminisme ou mécanisme trop prononcé.Mais bon, c'était vraiment une toute toute petite parenthèse que je vais refermer aussitôt.
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G
THOM et CAETANO : Désolé pour ce 218 985 634° bug des commentaires d'OB, avec tout qui sort en italique... ça devient illisble, et puisque vous vous cites, on ne sait plus du tout qui de quoi (enfin, on arrive à retrouver, en se concentrant un peu...)Je ne reviendrais pas vraiment sur MJ, qui ne m'intéresse pas plus que ça (et de toute façon, le peu que j'aie entendu de ces albums ne m'a pas donné envie de m'y plonger...) Mais juste sur un truc, avec lequel je suis vraiment en total désaccord avec CAETANO... je ne pense absolument pas que ces grosses stars "tirent" les gens vers la musique... La musique existe depuis la préhistoire, dans toutes les civilisations, elle est quasi-essentielle pour l'homme... on n'a absolument pas besoin de grosses stars qui sortent des trucs consensuels pour que les gens se mettent à apprécier la musique... donc, à mon sens, les MJ, Madonna, Britney Spears & co ne font que tirer la musique vers le bas, en proposant une musique hyper-lisse et racoleuse qui ne fait qu'abrutir le public, en le conditionnant à des choses toujours plus faciles, à de la seule "consommation"... c'est justement parce qu'on est submergé par cette musique-là que toute musique un peu plus pointue n'a quasiment aucune chance de toucher un public autre que de quelques "esthètes" et mordus de musique... MJ ne mène pas plus à Coltrane que Transformers ne mène à Bergman ou McDo à la grande cuisine... c'est même plutôt l'inverse...
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T
C'est marrant comme partant de désaccords on peut finir par arriver à des points d'accord :-)Malheureusement, je n'ai vraiment pas le temps de répondre aujourd'hui (et en plus je constate dépité qu'un bon quart de mon dernier commentaire a été avalé dans l'affaire). Mais j'y reviendrai ^^
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T
C'est marrant comme partant de désaccords on peut finir par arriver à des points d'accord :-)Malheureusement, je n'ai vraiment pas le temps de répondre aujourd'hui (et en plus je constate dépité qu'un bon quart de mon dernier commentaire a été avalé dans l'affaire). Mais j'y reviendrai ^^
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C
La suite : Je m'explique : ce que j'entends par légitimité est le rôle positif que jouent ces artistes et que est tellement manifeste qu'on en arrive encore à l'oublier fréquemment. Qu'est-ce qui différencie principalement la pratique des arts plastiques ou de l'architecture par exemple de celle de la musique (et du cinéma aussi d'ailleurs) ? La massification culturelle, non ? Alors je ne vais pas couper les cheveux en quatre car ce n'est tout simplement pas à ma portée, mais il me semble évident que ce sont des hommes et des femmes comme MJ, asistés par une industrie musicale forte, qui sont les vecteurs de cette exceptionnelle popularité de la musique. Et contrairement à beaucoup, je persiste à penser que ces gens ne font pas écran aux "bonnes musiques" (pour faire vite), celles plus érudites, plus intelligentes ou plus novatrices.Pour caricaturer à l'extrême, je dirais que Lady Gaga n'empêche pas une ado de s'ouvrir aux Beatles, pas plus que ces derniers n'ont empêché d'autres ados de s'initier à Coltrane etc. C'est même le contraire...en tout cas j'en ai le sentiment profond.A mon avis, la starification est le processus ultime qui garantit à une pratique artistique sa vivacité et sa pénétration durable dans les sociétés : c'est le médium qui introduit justement l'art auprès de toutes les couches sociales. En ce sens, l'oeuvre de MJ a incontestablement été bénéfique à la communauté afro-américaine de mon point de vue. S'il y a des réserves à émettre, je les chercherais davantage sur le plan sociologique, via la perception de l'Homme noir qui ne brillerait que par la musique ou le sport, que du côté de l'esthétique avec l'aseptisation discutable de sa musique. Mais entre temps l'Histoire continue avec Obama qui est passé par là...Un autre point qu'on pourrait alors discuter serait probablement l'impérialisme du monde anglophone là-dedans (dont d'ailleurs Art Rock se fait volontiers le relai si je t'ai bien suivi). Mais là encore je retombe dans cette même logique qui m'amène à penser que, pas plus qu'à Lee Fields, Michael Jackson ne fait écran à Toumani Diabaté ou Tony Nyadundo. A l'inverse, il est de ceux qui donnent envie de faire de la musique et de la découvrir : c'est un passeur et c'est en ce sens qu'il faut comprendre le message de Saul Williams à mon humble avis.Alors oui, réinterrogeons les artistes majeurs et importants, pesons et sous-pesons leur apport musical, mais surtout ne perdons jamais de vue la qualité essentielle de ce qu'ils ont fait. En particulier les passeurs de rêve.<br /> "Personnellement je trouve que Thriller ne ressemble à rien de ce qui se faisait avant (ni même après) et que c'est un album révolutionnaire par bien des aspects..."Entièrement d'accord.<br /> "Oui... c'est ce qui se disait déjà il y a quelques années (du moins qu'il avait une maladie de peau). Je n'y ai jamais trop cru. Mais peut-être que c'est vrai, pourquoi pas, qu'en savons-nous après tout ? Disons que son goût pour la chirurgie esthétique l'a desservi, le rendant suspect aux yeux de la terre entière. Après le fait est qu'il ne s'est pas "juste" blanchi la peau. Il a... tout changé, si j'ose dire, gommé la moindre petite trace de "négritude" chez lui, et réussi la prouesse d'avoir des enfants blancs..."Là encore je suis d'accord, même si on s'éloigne de la musique. Moi non plus je n'ai jamais voulu croire à cette histoire de vitiligo, mais j'ai vu récemment une photo de sa jambe avec nécrose et tout et tout et suite aux explications de son dermato ça me semble plausible. Après, pourquoi ne pas avoir très tôt communiquer là-dessus ? Pour la chirurgie je peux comprendre que l'idée de ressembler à Salif Keïta ne l'ait pas réjoui (bouuuh, c'est pas bien ce que je fais ^^) mais bon : manifestement il était mal entouré. Par contre les enfants n'arrangent pas les choses... Remarque, il a peut-être mené la croisade anti-raciste la plus mal comprise de l'Histoire ? "Enfin bref ! A défaut de savoir le pourquoi du comment, je me suis toujours dit que le bide (certes relatif, mais bon... ses ventes semblent dérisoires au regard d'un Thriller) de son dernier album trouvait peut-être quelque part sa source là-dedans. Que ce changement de couleur avait fini par le desservir une fois arrivé l'avènement d'une époque où la revendication identitaire était poussée à son maximum, que les gamins des années 2000 ne parvenaient plus à se reconnaî"This is it comme dirait l'autre ! Le blog n'était sans doute pas prévu pour cette conversation (pas inintéressante en plus, c'est vrai. )
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C
Aïe ! On dirait que ta réponse aussi a été tronquée..."Non, absolument pas. Enfin si, ma cela s'étend au-delà de la musique noire. Ce n'est pas une question de "pureté", la pureté en musique, nous sommes bien d'accord, n'a aucun sens, la musique n'est faite que de métissage. Cependant dans votre réponse vous rapprochez mon "procès en aseptisation" (on va dire comme ça :-)) d'un procès en pureté qui n'a rien à y voir. Le contraire d'une musique aseptisée, ce n'est pas une "musique pure" qui n'existe pas, mais une musique qui n'est pas lisse. Pour prendre une exemple extrême : le rap, par définition, n'a rien d'une musique "pure". En revanche, il y a des artistes hip hop plus lisses que d'autres dans l'approche. Idem pour la soul, le blues, le R&B... et pour tous les styles de musiques, peu importe la couleur qu'on leur accolent. Pour prendre un autre exemple : la musique d'Otis Redding n'est pas plus ou moins "pure" que celle d'Usher. Mais elle est assurément moins lisse et aseptisée."Ok pour ça dans l'ensemble. C'est pourquoi je bloquais sur "aseptiser la musique noire" car le fait de rajouter "noire" nous fait basculer sur autre chose, tout ce qu'on a évoqué plus haut."Aseptiser la musique" tout court, ça me va. Maintenant quant à savoir si Otis Redding produisait de la musique moins lisse que celle d'Usher, c'est une autre affaire. Non pas que je mette leur oeuvre respective sur un même plan, mais j'y vois aussi les effets de l'époque qui appellent à une certaine relativisation.Ceci posé, MJ n'a pas été l'artiste le plus lisse du monde, il n'était pas spécialement lisse jusqu'au "virage Bad" (du moins je ne le trouve pas spécialement lisse jusque là). Et j'ajouterais que dans le fond, le lissage progressif de sa musique n'était sans doute pas uniquement dû au fait de son succès (ou d'une envie de le maintenir), mais peut-être plus bêtement... à sa vie. Car quand on vit en quasi reclus, totalement coupé de la réalité, qu'est-ce qu'on peut bien raconter dans ses chansons ? Je trouve cela frappant quand on écoute les albums de Jackson à la suite : on a réellement l'impression que l'âme habitant sa musique la déserte progressivement au fil des années, ne se manifestement plus que par éclats ("They Don't Care About Us" en est un excellent exemple) sur ses deux derniers albums.Eh ben ça y est, on tombe à peu près d'accord !  A la différence près que je trouve que ce lissage apparent de sa musique n'est pas si linéaire que ça. Mettons de côté sa carrière en groupe pour se concentrer sur les solos. Après quelques premiers albums Motown pas franchement excitants selon moi, viennent Off the Wall et Thriller, super intéressants et ambitieux à la fois sur le plan esthétique que commercial (je crois que là-dessus on est d'accord). Après il y a eu Bad qui va dans le sens d'une aseptisation (là-dessus aussi je crois qu'on partage le même avis). Mais Dangerous est quand même plus complexe qu'il n'y paraît je trouve ; car bien que ce disque constitue une machine de guerre commerciale, on y trouve vraiment une prise de risque, un volonté esthétique loin d'être évidente et dont on a déjà parlé plus haut (pour aller vite : ce son New Jack tellement plus sec et dur, les interventions Hip Hop pionnières, le retour au Negro Spiritual).Et puis History qui suit reste pour moi l'un de ses albums les plus ambitieux et riche. Dedans les textes poursuivent sur la voie ouverte avec Dangerous et s'y affinent, laissant davantage de place à l'introspection (Stranger in Moscow...). Musicalement aussi il y fait preuve de plus de recherche (Earth song a quand même une toute autre gueule que ses prédecesseurs We are the world, Man in the Mirror et Heal the world, non ? Et Scream, 2 Bad, Money, Smile, Little Susie ?) malgré les ratés ici ou là (You are not alone, D.S. : ouch ! ).Par contre pour Invincible à part deux ou trois titres je ne vois pas grand chose à sauver du naufrage, c'est vrai."En ce qui me concerne (mais cela n'engage que moi), s'il m'est difficile de ne parler "que" de musique avec Jackson, alors que je connais très bien sa discographie, c'est surtout parce que ce sentiment d'inhuamité qui a gagné l'imaginaire collectif au fil des années se retrouve dans sa trajectoire musicale, pour finalement aboutir à ce clip de "You Rock My World" éloquent à plus d'un titre lorsqu'on sait à quel point l'aspect visuel compte chez lui... clip dans lequel on ne le distingue jamais vraiment (mais bon, ça, je suis loin d'être le seul à l'avoir noté ^^)."Ah ça ! Il a lui-même été l'artisan principal de ce syndrome, c'est clair. On est devenu aveugle à son humanité à force de trop le voir sur les écrans et sourd à sa voix à force de trop l'entendre à la radio..."Ce n'est pas aussi schématique. Et ce n'est pas une idéologie, d'ailleurs. Thriller est l'album le plus vendu de tous les temps, je le trouve néanmoins fabuleux, et pourtant c'était déjà l'album le plus vendu de tous les temps quand je l'ai découvert. J'aurais mille exemples du genres, y compris parmi ceux que vous citez. J'adore le double d'Outkast, un de mes albums favoris des dernieres années. Sans être fan je trouve Elephunk très agréable. Pour autant je trouve le Kanye West absolument racoleur, pas dénué de talent, ce n'est pas un mauvais disque. Mais il a un côté qui me hérisse, et qui va bien au-delà de son succès. Bref : les choses sont bien plus nuancées que ce que vous laissez croire en parlant d'idéologie (sous-entendu : à laquelle on pourrait opposer une autre...). Il y a de la musique commerciale de grande qualité et de la musique commerciale ne dépassant pas le caniveau. Comme dans toute musique...".Entièrement d'accord. Tout est dit je crois (sauf que je n'aurais pas utilisé le caniveau : trop hardcore je trouve...). Juste pour info puisqu'on en est là, moi aussi j'aime beaucoup Electric Circus et plus encore Speakerboxxx/The Love Below.Par contre j'adore 808s & Heartbreak alors même que je trouve que Mr West est un gros con ^^ mais j'ai beaucoup de mal avec les BEP (surtout la Fergie >
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T
Toujours faute de temps, je vais juste m'attarder sur certains points... mais dans l'ensemble je trouve ça tout à fait passionnant (si je n'avais pas peur d'en vexer certains par-ici je dirais que c'est la première discussion vraiment intéressante que j'ai eue sur le sujet depuis la mort de Jackson...)."On y revient encore et encore. Je vais être honnête avec vous : cette histoire "d'aseptiser la musique noire" n'a aucun sens selon moi. Bien sûr, MJ s'est efforcé de rendre sa musique accessible au plus grand public pour vendre le plus possible, réalisant ainsi le rêve de Berry Gordy Junior et il est vrai que pour ce faire il a par moment donner volontiers dans le catchy. Mais en quoi cela revient-il à aseptiser la musique noire que vous essentialisez encore et toujours par la même occasion. Il y aurait donc d'un côté la vraie, la dure, la pure, la musique afro-américaine hardcore fantasmée."Non, absolument pas. Enfin si, ma cela s'étend au-delà de la musique noire. Ce n'est pas une question de "pureté", la pureté en musique, nous sommes bien d'accord, n'a aucun sens, la musique n'est faite que de métissage. Cependant dans votre réponse vous rapprochez mon "procès en aseptisation" (on va dire comme ça :-)) d'un procès en pureté qui n'a rien à y voir. Le contraire d'une musique aseptisée, ce n'est pas une "musique pure" qui n'existe pas, mais une musique qui n'est pas lisse. Pour prendre une exemple extrême : le rap, par définition, n'a rien d'une musique "pure". En revanche, il y a des artistes hip hop plus lisses que d'autres dans l'approche. Idem pour la soul, le blues, le R&B... et pour tous les styles de musiques, peu importe la couleur qu'on leur accolent. Pour prendre un autre exemple : la musique d'Otis Redding n'est pas plus ou moins "pure" que celle d'Usher. Mais elle est assurément moins lisse et aseptisée. Ceci posé, MJ n'a pas été l'artiste le plus lisse du monde, il n'était pas spécialement lisse jusqu'au "virage Bad" (du moins je ne le trouve pas spécialement lisse jusque là). Et j'ajouterais que dans le fond, le lissage progressif de sa musique n'était sans doute pas uniquement dû au fait de son succès (ou d'une envie de le maintenir), mais peut-être plus bêtement... à sa vie. Car quand on vit en quasi reclus, totalement coupé de la réalité, qu'est-ce qu'on peut bien raconter dans ses chansons ? Je trouve cela frappant quand on écoute les albums de Jackson à la suite : on a réellement l'impression que l'âme habitant sa musique la déserte progressivement au fil des années, ne se manifestement plus que par éclats ("They Don't Care About Us" en est un excellent exemple) sur ses deux derniers albums (au passage, autant je n'ai jamais cru et ne crois toujours pas que MJ ait été réellement pédophile, autant ressortir l'argumentaire racial spécialement pour l'occasion mais tout de même énormément déçu de sa part). En ce qui me concerne (mais cela n'engage que moi), s'il m'est difficile de ne parler "que" de musique avec Jackson, alors que je connais très bien sa discographie, c'est surtout parce que ce sentiment d'inhuamité qui a gagné l'imaginaire collectif au fil des années se retrouve dans sa trajectoire musicale, pour finalement aboutir à ce clip de "You Rock My World" éloquent à plus d'un titre lorsqu'on sait à quel point l'aspect visuel compte chez lui... clip dans lequel on ne le distingue jamais vraiment (mais bon, ça, je suis loin d'être le seul à l'avoir noté ^^)."De l'autre, la musique délavée, celle en carton-pâte de ceux en quête de gloire et d'argent.C'est la même idéologie qui consiste à condamner Common pour son Electric Circus, Kanye West pour son 808s & Heartbreak, les Black Eyed Peas pour leur Elephunk ou Outkast pour Speakerboxxx/The Love Below."Ce n'est pas aussi schématique. Et ce n'est pas une idéologie, d'ailleurs. Thriller est l'album le plus vendu de tous les temps, je le trouve néanmoins fabuleux, et pourtant c'était déjà l'album le plus vendu de tous les temps quand je l'ai découvert. J'aurais mille exemples du genres, y compris parmi ceux que vous citez. J'adore le double d'Outkast, un de mes albums favoris des dernieres années. Sans être fan je trouve Elephunk très agréable. Pour autant je trouve le Kanye West absolument racoleur, pas dénué de talent, ce n'est pas un mauvais disque. Mais il a un côté qui me hérisse, et qui va bien au-delà de son succès. Bref : les choses sont bien plus nuancées que ce que vous laissez croire en parlant d'idéologie (sous-entendu : à laquelle on pourrait opposer une autre...). Il y a de la musique commerciale de grande qualité et de la musique commerciale ne dépassant pas le caniveau. Comme dans toute musique..."Et pourtant il faudra bien se convaincre un jour que cette musique noire à laquelle vous faites référence n'est qu'une chimère : elle n'existe pas, pas plus que l'Homme du mythe du bon sauvage. Un bluesman, un jazzman, un rappeur, un chanteur de Soul, un popstar comme MJ : tous font de la musique qu'ils produisent à partir du patrimoine commun aux Afro-Américains et à l'Amérique plus globalement et se le réapproprient en fonction de leur expérience esthétique personnelle, quasiment introspective. "Sans aucun doute ! Pour autant ça ne force pas à tous les aimer ni à tous les ranger dans le même moule. En disant cela, c'est vous qui "essentialisez" sans vous en rendre compte. Etre noir, faire de la musique noire ou piocher dans le patrimoine noir ne rend pas nécessairement doué, intéressant ni même respectable, et il n'y a pas le début de commencement de points de comparaison entre le génie de Miles Davis et Destiny's Child."Et ni le génie méconnu des bords du Mississipi, ni le plus underground des producteurs d'abstract Hip Hop californien, ni la popstar planétaire n'est plus authentique ou légitime l'un que l'autre."Honnêtement je ne vois pas quoi répondre à une telle affirmation. Si pour vous Leadbelly n'est pas plus légitime que la première pop-star kleenex venu, si vous ne faites pas la différence entre les Beatles et Timberlake... que vous répondre ?"Et d'ailleurs MJ a produit des sons qui à mes yeux n'ont absolument rien de musique afro-américaine aseptisée."Là, nous sommes d'accord."Get on the floor, I can't help it, Wanna Be Startin' Somethin', The Lady in my life, Jam, Will you be there, Scream, They don't care about us, Stranger in Moscow etc.Toutes ces compositions sont bien plus novatrices et fortes que d'aucuns voudraient le croire...en tout cas je le pense. Mais je conçois que cet avis ne fasse pas l'unanimité : question de culture musicale, de subjectivité, de vécu aussi. Après faut voir qui est condescendant..."Ca s'adresse à moi ?Ce n'est pas moi qui écrit, sourire aux lèvres, que tel ou tel de vos commentaires est du caviar. Et pourtant, ce que vous dites plus haut sur la légitimité et l'authenticité s'y prête par bien des côtés ;-)Personnellement je trouve que Thriller ne ressemble à rien de ce qui se faisait avant (ni même après) et que c'est un album révolutionnaire par bien des aspects..."Là c'est intéressant, mais on entre davantage dans le champ de la sociologie que dans celui de l'esthétique musical. Mais cet aspect extraordinairement troublant de MJ est propice à bien des études. A noter qu'aux dernières nouvelles, il aurait été atteint de vitiligo et aurait décidé de tout blanchir pour uniformiser son teint..."Oui... c'est ce qui se disait déjà il y a quelques années (du moins qu'il avait une maladie de peau). Je n'y ai jamais trop cru. Mais peut-être que c'est vrai, pourquoi pas, qu'en savons-nous après tout ? Disons que son goût pour la chirurgie esthétique l'a desservi, le rendant suspect aux yeux de la terre entière. Après le fait est qu'il ne s'est pas "juste" blanchi la peau. Il a... tout changé, si j'ose dire, gommé la moindre petite trace de "négritude" chez lui, et réussi la prouesse d'avoir des enfants blancs...Enfin bref ! A défaut de savoir le pourquoi du comment, je me suis toujours dit que le bide (certes relatif, mais bon... ses ventes semblent dérisoires au regard d'un Thriller) de son dernier album trouvait peut-être quelque part sa source là-dedans. Que ce changement de couleur avait fini par le desservir une fois arrivé l'avènement d'une époque où la revendication identitaire était poussée à son maximum, que les gamins des années 2000 ne parvenaient plus à se reconnaî
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G
CAETANO et THOM : Beaucoup de choses, là, pas le temps de revenir sur tout...Si j'ai écrit cela... c'est parce que je suis un passionné de jazz, j'ai beaucoup lu sur le sujet, des histoires du jazz comme des écrits de jazzmen. Et cette question de musiques "noires" ou "blanches" est essentielle dans le jazz, on peut comprendre l'évolution du genre simplement autour de cette question, qui a "interrogé" tous les jazzmen. Au-delà de ça, blues, jazz, soul, funk, hip-hop, toutes ces musiques afro-américaines sont inextricablement liées à la condition des noirs aux EU, à leurs espoirs, revendications, aux injustices... chacune d'elle nous dit finalement "I'm black and I'm proud" (sauf le blues, qui serait plutôt "I'm black and I'm poor"...) Il y a cet enjeu dans ces musiques, et il était pourtant toujours présent dans les 80's, lorsque MJ est devenu cette mégas-star planétaire... preuve en est avec l'arrivée du hip-hop, qui s'est développé dans ces années-là comme nouvelle expression de la communauté noire. Et faut pas se leurrer, si le succès d'Obama est un signe fort et un grand pas, être noir, ce n'est toujours pas la même chose en Amérique (et en Europe) que d'être blanc... Donc cette question de l'identité et de l'expression pour les noirs n'est absolument pas dépassée. Ce n'est sûrement pas parce que quelques journalistes auraient évoqué la question dernièrement que je m'en fais l'écho, c'est parce que je m'y intéresse depuis un moment, et parce qu'elle est un enjeu majeur chez la plupart des jazzmen dont j'ai lu des bouquins, interviews, et parce que dans les années 80, une partie de la communauté noire en a vraiment voulu à Jackson d'avoir "blanchi" leur musique, d'avoir fait de la "soupe pop blanche"... Si, maintenant, beaucoup de stars noires lui rendent hommage... c'est parce que la plupart étaient des gamins dans les années 80, qui voyaient un des leurs (avant qu'il ne devienne totalement blanc) être LA star de la musique, et pour un gamin, c'est suffisant (de plus, publiquement, lorsque quelqu'un décède, on ne se met généralement pas à lui taper dessus lorsqu'on est une personnalité connue)...
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C
Voici la suite bon gré mal gréLes références raciales sont d'ailleurs quasiment absentes de son discours, et ce même dans sa jeunesse. Ce qui l'intéresse alors, et en cela il aura réellement été un précurseur, c'est la célébrité et tout ce qui va avec.Hum, il me semble qu'il faudrait nuancer. S'il est vrai qu'à ses débuts, et sous "l'amicale pression" de Berry Gordy Junior, les Jacksons ont savamment éludé la question raciale comme on dit aux USA (et c'est leur droit), par la suite MJ a indéniablement abordé ce thème. Timidement d'abord sur Thriller (il faut lire entre les lignes de Wanna Be Startin' Somethin') et Dangerous (Black Or White...bon, j'ai dit timidement, hein ) comme manifestement il ne voulait pas s'aliéner un public potentiel, tout obnubilé qu'il était par son succès commercial. Mais dès lors qu'il a dû faire face aux accusations de pédophilie il s'est lâché. Sur History ça y va : They don't care about us on l'a dit, mais aussi This time around en sont quelques exemples.Sur le plan public, la fin de sa vie va nettement dans le sens de cet activisme (opportuniste ?) puisqu'il a cotoyé et soutenu publiquement toutes sortes d'instances de la communauté afro-américaine, de la NAACP à la Nation Of Islam.Et quand on réécoute son interview/confession auprès du révérend Jesse Jackson lors de son procès, ses mots grouillent de référence au patrimoine culturel afro-américain. C'est assez frappant."Ce qui est indéniable, c'est que Jackson a aseptisé la musique noire. Ce n'est pas tout à fait la même chose que la blanchir, mais cela s'en rapproche, au sens où cette aseptisation l'a rendue "acceptable" pour le grand public blanc. Je ne suis d'ailleurs pas convaincu que le public de Jackson ne soit pas, dans son écrasante majorité, composé de blancs. Peu importe. Beaucoup, y compris et surtout des noirs d'ailleurs, le lui ont reproché, du point de vue musical comme du point de vue politique."On y revient encore et encore. Je vais être honnête avec vous : cette histoire "d'aseptiser la musique noire" n'a aucun sens selon moi. Bien sûr, MJ s'est efforcé de rendre sa musique accessible au plus grand public pour vendre le plus possible, réalisant ainsi le rêve de Berry Gordy Junior et il est vrai que pour ce faire il a par moment donner volontiers dans le catchy. Mais en quoi cela revient-il à aseptiser la musique noire que vous essentialisez encore et toujours par la même occasion. Il y aurait donc d'un côté la vraie, la dure, la pure, la musique afro-américaine hardcore fantasmée (tant le son afro-américain n'a cessé d'évoluer avec une constante : il n'est jamais autant apprécié par le fameux grand public occidental que rétrospectivement...).De l'autre, la musique délavée, celle en carton-pâte de ceux en quête de gloire et d'argent.C'est la même idéologie qui consiste à condamner Common pour son Electric Circus, Kanye West pour son 808s & Heartbreak, les Black Eyed Peas pour leur Elephunk ou Outkast pour Speakerboxxx/The Love Below.Et pourtant il faudra bien se convaincre un jour que cette musique noire à laquelle vous faites référence n'est qu'une chimère : elle n'existe pas, pas plus que l'Homme du mythe du bon sauvage. Un bluesman, un jazzman, un rappeur, un chanteur de Soul, un popstar comme MJ : tous font de la musique qu'ils produisent à partir du patrimoine commun aux Afro-Américains et à l'Amérique plus globalement et se le réapproprient en fonction de leur expérience esthétique personnelle, quasiment introspective. Et ni le génie méconnu des bords du Mississipi, ni le plus underground des producteurs d'abstract Hip Hop californien, ni la popstar planétaire n'est plus authentique ou légitime l'un que l'autre.Et d'ailleurs MJ a produit des sons qui à mes yeux n'ont absolument rien de musique afro-américaine aseptisée.Get on the floor, I can't help it, Wanna Be Startin' Somethin', The Lady in my life, Jam, Will you be there, Scream, They don't care about us, Stranger in Moscow etc.Toutes ces compositions sont bien plus novatrices et fortes que d'aucuns voudraient le croire...en tout cas je le pense. Mais je conçois que cet avis ne fasse pas l'unanimité : question de culture musicale, de subjectivité, de vécu aussi. Après faut voir qui est condescendant...La manière dont il a blanchi sa peau, reniant ainsi cette part de son identité aux yeux de tous, a sans doute énormément joué dans ces reproches, autant que la musique elle-même (c'est j'en conviens assez déplorable, mais face à un succès aussi vertigineux, impossible de faire abstraction de cette donnée, ce n'était pas juste d'une star qu'il s'agissait, mais de LA STAR). Plutôt que d'être un formidable symbole, la plus grande star de tous les temps un noir, ce qui envoyait un signe incroyablement fort... il a préféré devenir blanc. Et il l'a fait, assez ironiquement, au moment même où la revendication identitaire se faisait de plus en plus fort aux USA. Là-dessus, il n'a pas été très visionnaire.Là c'est intéressant, mais on entre davantage dans le champ de la sociologie que dans celui de l'esthétique musical. Mais cet aspect extraordinairement troublant de MJ est propice à bien des études. A noter qu'aux dernières nouvelles, il aurait été atteint de vitiligo et aurait décidé de tout blanchir pour uniformiser son teint...Toujours est-il qu'il ne faut pas s'y tromper : si la conditions des noirs dans la musique et ailleurs a évolué, et si la musique noire a atteint cette place prédominante dans la culture occidentale d'aujourd'hui, cela s'est moins fait grâce à Jackson que malgré lui. La posture de Jackson, qu'il s'agisse de sa personne ou de sa musique, constituait en elle-même bien plus une régression qu'un quelconque progré.Du caviar !Plus sérieusement il serait peut-être bon pour nous tous ici de faire preuve du minimum de modestie qui s'impose sur ce point. Il est impossible d'évaluer l'impact positif ou négatif de MJ tant son oeuvre est consubstantielle à la vulgarisation (sans aucune connotation péjorative) de la musique afro-américaine aux quatre coins du globe.Cette question n'a pas vraiment de sens, pas plus que celle de savoir si Tom Jobim a été un bien ou un mal pour la musique brésilienne, Bob Marley un bien ou un mal pour la musique jamaïcaine, et il y en va de même pour Kémi Kuti et la musique nigériane, Kassav' et la musique antillaise etc.Parler de l'oeuvre de Jackson comme d'une régression musicale afro-américaine me semble davantage relever d'une tournure rhétorique qui prend à dessein le contre-pied du discours hagiographique d'un Al Sharpton qu'autre chose.En attendant le monde du Hip Hop, celui de la vraie musique populaire afro-américaine, n'a pas attendu longtemps pour rendre un hommage quasiment unanime au défunt King of Pop.Un signe peut-être ?Et que Saul Williams se retrouve cité dans l'histoire alors que sa posture est presque l'inverse absolue de celle de Jackson a quelque chose de risible...Pour en revenir à cette histoire de Saul Williams, le fait qu'il parle "d'inspiration" nous conduit au-delà du financement de son éducation à mon avis. Mais bon, il faudrait le lui demander...
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C
Ohlala ! Je viens de me rendre compte que la moitié de ma réponse est passée à la trappe ! Dégouté !
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T
Je réponds vite, faute de temps (mais ce sera pire plus tard, donc...).Pour Dangerous/History... je suis d'accord sans l'être. Fondamentalement, tu as raison. Mais d'un autre côté, à partir de Bad il franchit pour moi un cap - celui de la grosse production FM - qui n'est plus assimilable à la musique à de la musique noire ni blanche (c'est ce que je disais plus haut à propos de la musique commerciale).Pour "ni blanc ni noir", c'était bien entendu une façon de parler, et cela désignait sa musique, non sa personne.Pour Marvin Gaye... nulle question d'ethnicité là-dedans, bien entendu. Je me référais effectivement plus à la soul, et aussi de manière plus générale à ce que représentait Marvin Gaye, à sa dimension sociale voire politique.Enfin sur les albums de la décennie... je n'en suis pas l'initiateur, mais je ne crois pas me tromper en me disant que le fait d'occulter certaines musiques est volontaire. Nous sommes tout de même sur un blog intitulé Art-Rock, et Dieu que son propriétaire est pointilleux sur les interactions entre les arts et les manières de les appréhender. Ce classement s'intéresse principalement à la pop (au sens occidental du terme, incluant le hip hop), au rock et à tout ce qui s'en approche... le jazz est une musique savante, on ne l'appréhende pas de la manière que la pop ou le rock. Idem pour la musique africaine. Ce ne sont pas les mêmes codes, on ne peut comparer que ce qui est comparable et franchement, le contraire serait assez ridicule. Non ?
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C
Pour les albums de la décennie, en effet je fais référence à votre truc d'après.Hip Hop ou pas on peut tourner le truc dans tous les sens je ne vois pas grand chose d'Afro-Américain de ce qui a été plébiscité, donc c'est assez gonflé je trouve.Pas de jazz, pas de de musique sud-américaine, de musique africaine et encore moins de musique populaire afro-américaine (vraie ou fausse) et j'en passe.Du coup je trouve normal de pointer ça compte tenu de tout ce qui a été affirmé plus haut, non ?
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T
Ah et sur les albums de la décennie... je pense que tu fais allusion à l'article qui suit celui-ci, ce qui explique peut-être certaines choses. Car ce n'est pas la liste intégrale. Dans laquelle il y a tout de même pas mal d'albums de hip hop, notamment (et Saul Williams, j'imagine... je n'ai pas vérifié).
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C
<br /> <br /> Je recopie ici le message de CAETANO qui faisait buguer la page et que j'ai dû supprimer :<br /> Bon, je vais essayer de revenir point par point sur tout ce avec quoi je ne suis pas d'accord dans vos réponses. Espérons que ça aboutisse à quelque chose de contructif...<br /> <br /> @ GT : Je vois qu'il y a un changement de cap de taille dans le reproche de "blanchiment de la musique noire". Ecrire comme tu l'as fait "il est aussi coupable d'avoir<br /> blanchi la musique noire-américaine" sous caution d'humour fait directement écho aux reproches souvent adressés à MJ, notamment en France comme on a pu l'entendre dans ici ou là (à C<br /> dans l'air ou dans je ne sais quel papier haineux de Mediapart). Indéniablement, se sont glissées dans ton texte original les marques du discours fallacieux sur la pureté<br /> esthétique, auquel s'ajoute l'éternel clash (tout autant fallacieux selon moi) entre musique commerciale et musique créative. On le retrouve dans le passage sur les stars du<br /> r'n'b moderne et une phrase est particulièrement révélatrice : "Face à cette dérive, il était donc nécessaire de revenir à ce qu'est vraiment la musique noire-américaine<br /> populaire".<br /> Je suis de ceux qui pense que c'est une contre-vérité totale, mais qu'on retrouve dans bien trop des discussions esthétiques, que ce soit au Brésil, dans les Caraïbes, en Afrique<br /> et j'en passe.<br /> Il va sans dire que ce n'est pas au commentateur, encore moins européen, de décréter quelle serait la "vraie", "l'authentique" musique populaire afro-américaine. D'autant plus que les<br /> Lee Fields, Sharon Jones, Baby Charles, Mavis Staples et compagnie ne le sont absolument pas : ce sont des artistes talentueux, certes, et qui séduisent un public qu'on<br /> va qualifier pour faire vite de curieux, mais qui reste excessivement peu nombreux et sociologiquement pas vraiment afro-américain. <br /> <br /> Donc c'est bien que tu aies rectifié le tir pour le coup du "blanchiment". Effectivement "aseptisé" c'est déjà moins impertinent.<br /> Par contre pour ce passage là il n'y a pas grand chose à discuter : "Jackson, lui, a fait de la soupe, négligeant "l'âme" des musiques noires pour lisser sa musique en se dirigeant<br /> vers la pop la plus consensuelle, insipide, avec une visée commerciale...".<br /> C'est ton opinion, rien de plus, rien de moins. Je suis globlement en désaccord avec.<br /> <br /> @ Thom : Pareil que pour GT, je ne vais revenir que sur les points avec lesquels je suis en désaccord.<br /> "plus MJ devenait blanc, plus il chassait les influences black dans sa musique. C'en est je trouve assez fascinant."Je t'accorde que ceci serait vrai pour commenter le passage de<br /> Thriller à Bad...mais après, il me semble évident que ça devient une contre-vérité. J'en veux pour preuve les quelques éléments suivants :<br /> <br /> 1/ Sur l'album Dangerous qui suit Bad, MJ délaisse la routine Quincy Jones et au lieu de poursuivre le crossover amorcé justement, il signe cet opus sous la houlette de<br /> Teddy Riley. Résultat : la 1e moitié du disque, intégralement New Jack, matinée d'interventions Hip Hop, baigne totalement dans le son urbain afro-américain qui émergeait depuis seulement<br /> quelques années. On ne peut vraiment pas dire que la gigastar qu'il était alors n'a pas pris des risques : il a cherché a recoller à la modernité, perdant certes le génie novateur de<br /> Thriller (en tout cas nombreux sont ceux à le percevoir ainsi, et j'en fais partie) au profit d'une logique de "fusion-acquisition de producteurs" entre guillemets, mais c'est bien via<br /> le son estampillé "Black" qu'il l'a fait.<br /> <br /> 2/ Toujours sur Dangerous, MJ puise plus en profondeur que jamais dans le Negro Spiritual, l'un des piliers - sinon LE pilier - de la musique<br /> afro-américaine. Des titres comme Will You be there et Keep the faith réalisent la quadrature du cercle en quelque sorte, en proposant un Gospel contemporain,<br /> accessible aux oreilles du monde entier, toujours avec cette patte pop propre à Jackson. Quand je réécoute ces titres, il ne me viendrait absolument pas à l'esprit d'oser dire que MJ trahit l'âme<br /> de la musique afro-américaine...ça me paraît insensé !<br /> <br /> 3/ Sur History on retrouve toujours ces marqueurs afro-américains avec la chanson titre à l'influence gospel ou encore du R. Kelly aux manettes (voilà l'un des avatars importants de<br /> la musique afro-américaine véritablement populaire si je devais moi-aussi me risquer à ce petit jeu dangereux). Et ce n'est pas tout : They don't care about us est un titre<br /> quasiment invraisemblable, tellement il va bien au-delà de tout ce que James Brown, Marvin Gaye, Otis Redding ou Stevie Wonder auraient eu l'idée de faire en matière d'héritage Afro. Non<br /> seulement le texte est engagé - ce qui laissera même quelques commentateurs railler un MJ devenu caricature invraisemblable du fameux "l'Homme noir en colère" - mais plus encore,<br /> musicalement ce titre échappe complètement à l'horizon académique des chanteurs Afro-Américains pour lorgner directement du côté de l'Afrique. Etonnant ! Et il en fait un single à<br /> succès en plus, contre l'avis de sa maison de disque qui jugeait probablement le morceau trop iconoclaste...<br /> <br /> 4/ Enfin, la fin de carrière avec le dégoulinant Invincible (là je ne peux qu'être d'accord ) va quand même<br /> dans le sens d'une musique toujours plus Afro-Américaine puisque c'est un disque tout ce qu'il y a de R'n'B.<br /> Et y aurait d'autres trucs encore à dire pour étayer tout ça.<br /> Non vraiment MJ s'est toujours et quoiqu'on en dise inscrit dans la musique afro-américaine.<br /> <br /> On continue :<br /> "La vérité, c'est que Michael Jackson n'était ni blanc ni noir."<br /> Si, si, il était Noir, même s'il souffrait vraisemblablement de troubles par rapport à ça. Dans le discours il l'a toujours affirmé et que ce soit sincère ou pas, il n'en a jamais démordu<br /> (cf interviews à Oprah, Jesse Jackson, Ebony etc.)<br /> <br /> "Même quand il était noir et qu'elle qu'ait été la qualité de ses albums, il n'avait rien de Marvin Gaye."Cette phrase est peu compréhensible pour moi. Méfions nous d'essentialiser<br /> les artistes par rapport à la question raciale (comme on dit aux USA). Si tu as voulu dire que MJ était hybride et pas 100 % Soul, alors oui, bien sûr. Et après ?! C'est (enfin, c'était plus<br /> exactement) un artiste. De même on pourrait dire que Marvin Gaye était un pilier de l'écurie Motown, elle-même destinée à rendre accessible auprès du public Wasp la musique populaire<br /> afro-américaine. Ce à quoi on rajouterait que tout ce qu'a fait Marvin n'est pas aussi "authentique" que ce qu'on a entendu chez la Stax et ainsi de suite...<br /> C'est un cercle vicieux qui n'en finit pas et je trouve ça vain personnellement.<br /> J'apprécie énormément Marvin Gaye, de même que j'écoute avec plaisir MJ par moments, mais je ne leur disputerais jamais une quelconque légitimité, pureté ou authenticité dans le son<br /> "Black" ou que sais-je encore, pas plus que je ne le ferais en comparant les Pixies à Damon Albarn selon d'autres critères plus ou moins oscurs. <br /> <br /> "Et même quand il jouait de la "musique noire" (expression j'en conviens assez lourde), il piochait plus dans des influences de-ci de-là qu'il ne charriait vraiment avec lui un héritage<br /> culturel quelconque."Pas d'accord là aussi. C'était vraiment dans la logique justement de déghettoïsation voulue par une large partie de la communauté afro-américaine et à tous les<br /> niveaux : artistiques, politiques, économiques...<br /> Il a été l'aboutissement du projet de la Motown sur ce point et comme le disait je en sais plus quel commentateur, là où les Elvis Presley et autres Franck Sinatra avaient volé la vedette aux<br /> Chuck Berry et Nat King Cole, MJ a su faire l'unanimité.<br /> A quel prix ? Compromis ou compromission ? C'est au fond la question en partie soulevée par GT mais nous n'y apportons pas du tout les mêmes réponses.<br /> <br /> "C'est sans doute dû à son histoire personnelle, si particulière, si peu commune et si cloisonnée. C'est en tout cas la véritable raison de son succès "trans-racial". Quand il faisait de la<br /> soul, il ne se disait pas "je fais de la musique noire", mais juste : "je fais de la soul". Les références raciales sont d'ailleurs quasiment absentes de son discours, et ce même dans sa<br /> jeunesse.<br /> <br /> <br /> <br />
T
G.T. >>> avoue que tu as failli écrire "noircir des pages sur le sujet" ;-)
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T
Ah si, je t'assure, c'était un peu condescendant quand même. Mais ça n'empêche que c'était une intervention intéressante ^^Celle-ci aussi d'ailleurs. Il est évidemment amusant de noter que dans son commentaire, Williams n'évoque pas une seconde la musique de Jackson, mais un geste caritatif. On sera libre d'y voir une pointe d'ironie ou pas. Toujours est-il que c'est terriblement représentatif de Jackson, à plus forte raison parce que tout le monde sait que s'il y avait bien un domaine dans lequel sa sincérité était inattaquable, c'était bien celui-ci.Reste que bon... Saul Williams reste décalé dans la discussion au sens où il n'a que très, très peu de rapport avec Jackson, artistiquement parlant.
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C
Arf ! Beaucoup de choses à dire mais ça va être dur sur une pause déjeuner.Disons pour amorcer que je ne suis pas d'accord avec vous sur l'essentiel.P.S. : condescendant ? Méprisant ? Injurieux ? Hum....non, non je vois pasJ'attends toujours un petit quota de cette musique  afroaméricaine dans vos tops albums ^^Pour Saul Williams, le mieux serait peut-être de savoir ce que pense l'intéressé. Je ne m'en lasse pas : Saul Williams "J'ai reçu une bourse grâce aux 25 millions qu'il avait donné à l'UNICEF pour les étudiants en arts de la scène. Merci MJ pour avoir inspiré et financé mon éducation."Zut, la pause est finie.Je reviendrais plus tard...
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T
L'expression "blanchir la musique noire" est sans doute mal choisie. Elle se prête cependant tellement bien à Michael Jackson. Car si quelque chose est étonnant en ce qui le concerne, c'est assurément que personne ne s'attarde sur une évidence : plus MJ devenait blanc, plus il chassait les influences black dans sa musique. C'en est je trouve assez fascinant. La vérité, c'est que Michael Jackson n'était ni blanc ni noir. Même quand il était noir et qu'elle qu'ait été la qualité de ses albums, il n'avait rien de Marvin Gaye. Et même quand il jouait de la "musique noire" (expression j'en conviens assez lourde), il piochait plus dans des influences de-ci de-là qu'il ne charriait vraiment avec lui un héritage culturel quelconque. C'est sans doute dû à son histoire personnelle, si particulière, si peu commune et si cloisonnée. C'est en tout cas la véritable raison de son succès "trans-racial". Quand il faisait de la soul, il ne se disait pas "je fais de la musique noire", mais juste : "je fais de la soul". Les références raciales sont d'ailleurs quasiment absentes de son discours, et ce même dans sa jeunesse. Ce qui l'intéresse alors, et en cela il aura réellement été un précurseur, c'est la célébrité et tout ce qui va avec. En ce sens, je suis gloablement d'accord avec Caetano... sans le mépris, la condescendance et l'injure. Il n'y a nul racisme à dire que MJ a "blanchi la musique noire", pas plus qu'il n'y en a dire que Presley a "noirci la musique blanche", ce qui a été écrit maintes et maintes fois, y compris dans ces pages (quoique le cas échéant il ait d'ailleurs plutôt pillé cette musique, plus qu'il ne l'a noirci). Mais peut-être l'hôte de ces lieux est-il un raciste anti-blancs qui s'ignore... Ce qui est indéniable, c'est que Jackson a aseptisé la musique noire. Ce n'est pas tout à fait la même chose que la blanchir, mais cela s'en rapproche, au sens où cette aseptisation l'a rendue "acceptable" pour le grand public blanc. Je ne suis d'ailleurs pas convaincu que le public de Jackson ne soit pas, dans son écrasante majorité, composé de blancs. Peu importe. Beaucoup, y compris et surtout des noirs d'ailleurs, le lui ont reproché, du point de vue musical comme du point de vue politique. La manière dont il a blanchi sa peau, reniant ainsi cette part de son identité aux yeux de tous, a sans doute énormément joué dans ces reproches, autant que la musique elle-même (c'est j'en conviens assez déplorable, mais face à un succès aussi vertigineux, impossible de faire abstraction de cette donnée, ce n'était pas juste d'une star qu'il s'agissait, mais de LA STAR). Plutôt que d'être un formidable symbole, la plus grande star de tous les temps un noir, ce qui envoyait un signe incroyablement fort... il a préféré devenir blanc. Et il l'a fait, assez ironiquement, au moment même où la revendication identitaire se faisait de plus en plus fort aux USA. Là-dessus, il n'a pas été très visionnaire. Toujours est-il qu'il ne faut pas s'y tromper : si la conditions des noirs dans la musique et ailleurs a évolué, et si la musique noire a atteint cette place prédominante dans la culture occidentale d'aujourd'hui, cela s'est moins fait grâce à Jackson que malgré lui. La posture de Jackson, qu'il s'agisse de sa personne ou de sa musique, constituait en elle-même bien plus une régression qu'un quelconque progré. Et que Saul Williams se retrouve cité dans l'histoire alors que sa posture est presque l'inverse absolue de celle de Jackson a quelque chose de risible...
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G
CAETANO : "Blanchir" la musique n'est pas une infamie... personne n'a dit cela. La musique afro-américaine est, par nature, une rencontre entre des musiques et cultures blanches et noires, africaines et occidentales. A la base, les negro spirituals, le blues et le jazz ont des éléments de musiques "blanches" et "noires", et ça ne pose aucun problème. Duke Ellington et Miles Davis ont contribué à "blanchir" le jazz, et ça n'empêche pas qu'on les considère comme des génies... mais Michael jackson, c'est un peu l'anti Duke Ellington. Ellington a su prendre le meilleur des musiques blanches et noires, incorporer à une musique afro-américaine la sophistication et la richesse orchestrale et harmonique du classique, sans perdre cette identité noire. Jackson, lui, a fait de la soupe, négligeant "l'âme" des musiques noires pour lisser sa musique en se dirigeant vers la pop la plus consensuelle, insipide, avec une visée commerciale...Mais c'est un vaste débat, et j'ai l'intention, d'ici-peu,d'écrire un article sur la question des musiques "blanches" et "noires"...
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C
Oh punaise, je viens de mater le topic sur les 10 albums de la décennie et quand je vois la liste j'ai envie de rajouter CQFD lolPas très soul tout ça hum hum...
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C
Pffff ça soûle ces commentaires de "blanchiment de la musique afro-américaine" de Michael Jackson. C'est ridicule et pour mille raisons. Bien sûr, nous aurons noté que ni les Amy Winehouse, les Damon Albarn, les Elvis Presley, ni même les Groundation n'auront reçu ce traitement esthétique inverse de la part des médias. Idem pour le Hip Hop et le R'n'B qui se sont tournés vers l'Electro...et pour cause : "noircir" la musique, ça c'est cool, c'est plus "authentique". La vérité c'est que MJ a le droit comme tout un chacun d'ouvrir sa musique au gré de ses affinités esthétiques et de ses ambitions commerciales, mais que s'il ne l'avait pas fait on aurait des rayons Soul en France aussi rachitiques que ceux dédiés au Gospel. La vérité c'est que la musique afro-américaine reste un concept sociologique valable mais que du point de vue esthétique, comme toute musique elle est par essence totalement perméable aux évolutions du temps et aux influences environnantes.Et enfin la vérité c'est que souvent, ceux qui reprochent à MJ cette "ouverture" n'ont jamais vraiment pris la mesure de son oeuvre en terme de musique Afro-Américaine et même au-delà (They don't care about us n'est pas une chanson anodine) et en même temps passent leur temps sur leurs tops à encenser les Radiohead, Portishead, Sonic Youth, Arcade Fire et j'en passe tellement la liste serait longue et "monocolore".Bref, ce genre de commentaire est fatigant car c'est tout bêtement du racisme dans ce qu'il a de plus idiot. Quelqu'un devra m'expliquer un jour en quoi c'est une infamie de "blanchir" la musique dite noire, mais en réfléchissant bien aux tenants et aboutissants d'une telle phrase...Heureusement que Saul Williams, Gnarls Barkley, voire les Fela Kuti et Bob Marley par exemple ne se sont pas arrêtés à cette assignation paternaliste au ghetto...Pour le reste, cet album de Lee Fields est bon et s'apprécie dans l'intimité d'une chambre parisienne, newyorkaise ou tokyoïte, mais je doute qu'il apporte grand chose au patrimoine musical afro-américain sur le plan socio-esthétique car il est juste revival.L'Histoire est en train de s'écrire par d'autres : les Lil' Wayne, Kanye West, Ne-Yo, Q-Tip, the Roots et consorts...qu'on les apprécie ou pas.Mais après tout s'ils sont aussi mauvais et commerciaux diront certains, ça doit être la faute à MJ...
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G
SYST : C'est exactement ça... où comment dire en une phrase ce que j'ai mis un article à raconter^^JULIEN : Je passerai voir ton blog dès que j'aurai un peu de temps...
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J
Je connaissais pas ce blog. Chouettos.Venez faire un tour sur le notre, au nom bien racoleur : http://des-chibres-et-des-lettres.blogspot.com/
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S
En effet, nothing new under the Sun, mais on s'en fout, qu'est-ce que c'est cool!SysT
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J
Bonjour, Je vous invite sur TALKING, un nouveau réseau social Sur talking, vous pouvez : - Envoyer vos photos, vos vidéos, vos musiques - Chatter avec les autres membres - Creer des groupes - Gérer votre profil et votre page - envoyer un message privé à un membre - Poser des questions et participer au forum - inviter d'autres personnes - consulter la liste des évènements - Faire vos petites annonces - Ecrire vos notes - Créé des billets de blogs - Vous pouvez personnaliser votre page parmi les nombreux thèmes ! Merci votre futur inscription !
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D
Il y aurait des pages à "noircir" sur l'influence désastreuse de Michael Jackson sur la musique noire-américainerho mais quel vieux rabat-joie ce G.T.! MJ a montré le chemin, cuistre! Un exemple: la poupée Rihanna qui comme son illustre prédécesseur a pompé le refrain de Soul Makossa de Dibango sans passer par la case copyright
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G
Désolé d'avoir mis tant de temps à répondre, mais plus d'internet depuis hier matin !VANESS : On parle toujours de MJ qui s'est blanchi la peau... et on oublie parfois qu'il a aussi "blanchi" la musique noire-américaine...THOM : De retour pile pour te plonger dans cet excellent disque...THIERRY : Je me doutais bien que cet album, tu ne pouvais que l'adorer... pas loin d'être un de mes 2-4 disques de l'année aussi...DRGBS : Oui, il y a aussi les Jamie Lidell... mais il est moins "rétro" tout de même que les autres...ARBOBO : Là, je suis un peu vaseux... et je n'ai donc rien pigé à la subtilité :-)SYST : Et lorsqu'on n'est pas sourd, on ne peut qu'aimer cet album^^
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S
Ca n'est pas tombé dans l'oreille d'un sourd... ;-)
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I
More & more people know that blog are good for every one where we get lots of information any topics !!!________________________Increase Penis Size
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D
on pourrait aussi parler des 2 dernier albums de Jamie Lidell "Jim" et "Multiply" non ?
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A
wow, c'est lui qui a écrit "you riock my world"?et je aprie qu'il était même pas invité au staples center!
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T
Salut G.T.,<br /> Probablement l'un de mes deux ou trois disques de l'année !<br /> Je viens de l'acheter pour la Bibliothèque. Comme quoi, le téléchargement peut-être utile à la diffusion de la culture...<br /> J'avais un instant songé à sortir de ma léthargie pour faire un petit article sur ce formidable album. Des soucis cablesques en auront décidé autrement. Et maintenant que ton article est là ...<br /> @++<br />  
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T
Je n'ai pas encore eu le temps de l'écouter, mais je vais le faire tout de suite, tiens !
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V
10 points pour "les pages à noircir sur l'influence desastreuse de michael jackson, coupable d'avoir blanchi la musique noire-americaine" :o)
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